Les prolongations duraient depuis plus de 24 heures lorsque le texte final de ce sommet climatique a été validé dimanche matin vers 5 heures. Une équipe internationale de Greenpeace, dont nos deux collègues belges Carine et Sarah, a suivi pendant deux semaines les négociations sur le climat à Charm el-Cheikh.
Le résultat ? Mitigé
Lors de cette COP africaine, il a été décidé de créer un fonds pour compenser les pertes et les dommages climatiques – ces impacts pour compenser les catastrophes climatiques qui nous touchent déjà, comme les inondations, sécheresses,… Une décision historique et un pas en avant important pour la justice climatique. Ce sont précisément les pays qui souffrent le plus de la crise climatique qui l’engendrent le moins. Les grands pollueurs devront alimenter ce fonds et ainsi assumer enfin la responsabilité de cette crise.
Malheureusement, le reste du texte est décevant, notamment en ce qui concerne la réduction des émissions et l’abandon progressif des combustibles fossiles. Nous restons sur le texte de Glasgow de l’année dernière (COP 26) : une élimination progressive du charbon. Le gaz et le pétrole ne sont pas mentionnés. Pourtant, la science est claire : si nous voulons respecter la limite critique de 1,5 degré, nous devons dire rapidement adieu à tous les combustibles fossiles.
Il est encourageant de constater que de plus en plus de pays, tant du Nord que du Sud, se sont prononcés en faveur de l’abandon de tous les combustibles fossiles. Malheureusement, cela n’a pas été reflété dans le texte final.
La Flandre tourne le dos à la crise climatique
En zoomant sur la Belgique, on remarque que le gouvernement fédéral, Bruxelles et la Wallonie sont prêts à relever leurs ambitions climatiques, tandis que le gouvernement flamand continue d’ignorer la gravité de la crise climatique. La Flandre ne veut réduire ses émissions de CO2 que de 40 % d’ici à 2030, alors que toutes les autres régions sont prêtes à aller jusqu’à 55 %.
L’équipe de Greenpeace
De nombreux experts des bureaux de Greenpeace du monde entier étaient présents en Égypte. Il y avait des collègues d’Afrique et du Moyen-Orient, ainsi que d’Asie, d’Amérique latine, d’Europe, d’Amérique du Nord et du Pacifique. La force de Greenpeace réside précisément dans ce réseau international. Ensemble, nous sommes forts et pouvons faire valoir nos points de vue et nos ambitions auprès de différents gouvernements dans le monde.
Il y avait aussi une forte représentation de Greenpeace Youth, avec des jeunes issus du Sud notamment. Réclamant la justice climatique, ils veulent également ajouter une dimension sociale et éthique au débat sur la crise climatique. Par exemple, le changement climatique affecte les droits humains, les droits des communautés et des minorités, et la responsabilité historique des émissions de CO2 doit pouvoir être entendue et respectée.
Le dernier vendredi de la COP, la délégation des jeunes de Greenpeace issus d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient a tenu une conférence de presse très suivie au cours de laquelle elle s’est exprimée avec force contre les pays arabes qui bloquent délibérément les négociations sur le climat.
Protestations au centre de conférence
Il n’était pas permis de manifester dans les rues de Charm el-Cheikh et des directives strictes régissaient les protestations. Mais cela n’a pas empêché les jeunes, les dirigeants autochtones, les militants et les ONG de faire entendre leur voix. L’espace dans et autour du centre de convention a été utilisé de manière créative pour une variété d’actions. Samedi, par exemple, une marche de protestation y a été organisée, une première. Au même moment, les négociations dans les salles de réunion étaient dans l’impasse. Les militants ont fait valoir que l’avidité des pollueurs et le manque de volonté des dirigeants ne sont plus acceptables et qu’il faut plus d’ambition. Les droits humains devraient également occuper une place plus centrale, tout comme le principe de justice climatique. Grâce notamment à la persévérance de toutes ces personnes, le fonds pour les pertes et dommages est devenu une réalité.
Le lobby fossile
La COP27 a déroulé le tapis rouge pour le secteur des combustibles fossiles. Ils ont envoyé plus de 656 lobbyistes pour bloquer autant que possible toute ambition climatique. Leur nombre a augmenté d’un quart par rapport à l’année dernière. Une évolution scandaleuse à laquelle l’ONU doit s’opposer résolument. Mettez à la porte les grands pollueurs ! Comme l’a dit un délégué africain: « Si vous voulez vous attaquer à la malaria, n’invitez pas les moustiques. »