Combien de grands arbres pouvez-vous compter depuis votre fenêtre ? Si nous vous posons cette question, c’est parce que nous souhaitons cartographier l’accès à la nature en Belgique. Celui-ci est très inéquitablement réparti. La Belgique figure parmi les pays européens qui comptent le moins d’espaces verts. Et le plus souvent, ce sont les communautés socio-économiquement vulnérables qui vivent entourées de béton. Nous souhaitons collecter un maximum de données pour avoir une meilleure vue sur ce problème et mieux protéger la nature au niveau local. On vous explique tout dans cet article.
Compter les arbres visibles depuis chaque logement nous permet de vérifier le respect de la règle 3-30-300. Selon cette règle, chaque personne doit voir au moins 3 arbres depuis son domicile. Chaque quartier doit être couvert à 30 % par des arbres. Enfin, 300 m maximum doivent séparer chaque logement d’un espace vert public d’une superficie d’au moins 1 hectare. Ce principe a été élaboré par Cecil Konijnendijk, une professeure néerlandaise spécialiste de la nature urbaine. Elle s’est basée sur les recherches scientifiques portant sur l’impact des arbres et de la nature sur la santé et sur la résilience aux dérèglements climatiques. Si la règle repose sur une base scientifique solide, elle n’en est pas moins d’une simplicité redoutable, et permet à tout le monde de la vérifier.
Les arbres, alliés directs de notre santé
Avoir accès à la nature a un impact positif considérable sur notre santé. Par exemple, après une intervention chirurgicale, les patient·es qui ont une vue sur les arbres restent moins longtemps à l’hôpital et ont moins recours aux anti-douleurs que celles·ceux qui sont entouré·es de béton. Les personnes vivant dans une rue avec des grands arbres prennent moins d’antidépresseurs et consomment moins de médicaments contre les maladies cardiovasculaires. Aux Pays-Bas, une étude a démontré que 10 % de nature en plus dans les zones résidentielles permettraient à l’Etat néérlandais d’économiser 400 millions d’euros par an en soins de santé et en coûts d’absentéisme. Les arbres permettent aussi d’améliorer la qualité de l’air, qu’on sait très pollué en Flandre et à Bruxelles. Par ailleurs, les personnes vivant à proximité d’espaces verts publics sont plus heureuses et se rendent moins souvent chez le médecin.
Les arbres et les espaces verts jouent également un rôle de climatiseur essentiel lors de nos étés de plus en plus chauds. Dans les zones très bétonnées, lors des périodes les plus chaudes, un phénomène d’îlot de chaleur fait encore grimper les températures de plusieurs degrés. En été, il fait par exemple 3°C de plus en moyenne dans le centre de Bruxelles qu’à l’extérieur de la ville. Et ces températures extrêmes font beaucoup de victimes. Durant l’été 2022, 60 000 personnes sont décédées à cause de la chaleur en Europe. En cas de fortes précipitations, les arbres et les espaces verts sont également des alliés de choix, jouant le rôle d’éponge et absorbant l’eau avant qu’elle n’inonde nos égouts et nos rivières.
L’état de la nature urbaine est également très important pour la biodiversité. Parce qu’ils ne subissent pas les impacts néfastes de l’agriculture industrielle, les espaces naturels en milieu urbain offrent souvent des zones de reproduction à de nombreuses espèces. La Friche Josaphat à Bruxelles en est un parfait exemple. Ses 25 hectares de prairies accueillent pas moins de 1200 espèces. Parmi elles, des centaines d’espèces d’oiseaux, des abeilles sauvages, et des espèces rares de libellules.
Une nature très injustement répartie
La présence de nature autour de nous impacte donc directement notre santé, notre bien-être, notre capacité à nous adapter aux dérèglements climatiques, et à lutter contre la crise de la biodiversité. Mais en la matière, de grandes inégalités existent. Par exemple, plus d’un cinquième des Bruxellois⸱es n’ont pas suffisamment accès aux espaces verts publics, et ce sont surtout les communautés les plus vulnérables socio-économiquement qui ont le moins accès à des espaces verts de qualité.
Pour lutter contre cette injustice, nous souhaitons cartographier l’état de l’accès à la nature en Belgique, en collaboration avec le collectif Datalab. Nous nous baserons pour cela sur la règle 3-30-300, via une enquête qui proposera aux habitant·es de vérifier eux-même le respect ou non de cette règle autour de chez eux·elles.
Ces précieuses informations nous aideront à proposer des solutions aux autorités locales. La carte ainsi réalisée nous indiquera clairement où il est nécessaire de planter des arbres et où il faut absolument protéger des espaces naturels existants.
Vous voulez nous aider à cartographier l’accès à la nature ? Participez à notre enquête !