L’expert nucléaire de Greenpeace, Jan Vande Putte, s’est rendu à Fukushima dans les jours qui ont suivi la catastrophe du 11 mars 2011, puis chaque année jusqu’à la crise du Covid. “Une centrale nucléaire est extrêmement vulnérable”, rappelle-t-il, heureux du retrait du nucléaire en Belgique qui cessera donc de bloquer le développement important des énergies renouvelables.

Le 15 mars 2011, quatre jours après le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima, Jan Vande Putte, expert nucléaire de Greenpeace, arrive à Osaka avec une équipe de l’organisation environnementale. [1] A l’atterrissage, le pilote s’est voulu rassurant : « Tout est maintenant sous contrôle dans la centrale nucléaire. » Quelques heures plus tôt, une nouvelle explosion avait eu lieu sur le site. “Cela illustre parfaitement la façon dont le gouvernement japonais a tenté de tromper sa propre population et le monde entier depuis le début en minimisant la gravité de la catastrophe”, note Jan Vande Putte.

Pendant plusieurs mois en 2011, puis chaque année depuis lors, Jan Vande Putte s’est rendu au Japon et a mesuré avec le plus de précision possible les impacts de cette catastrophe, tant sur l’environnement que sur la population, et les leçons à en tirer. “Premièrement : une centrale nucléaire est extrêmement vulnérable. En cas de panne de courant, il ne reste que quelques heures pour intervenir et faire fonctionner à nouveau les pompes pour l’eau de refroidissement. Deuxièmement, un accident nucléaire est rarement limité à un seul réacteur. À Fukushima, tous les réacteurs en service ont fondu, souligne-t-il.

Prise d’échantillon à Namie, dans la préfecture de Fukushima (2017). Cette photo et de nombreuses autres sont libres d’usage, comme cette vidéo incluant Jan Vande Putte qui date de fin 2019. Les copyrights doivent être indiqués. Dossier complet d’images ici. © Christian Åslund/Greenpeace

Dix ans plus tard, les impacts se font toujours sentir. Une analyse détaillée des niveaux de radiation dans la préfecture de Fukushima montre que les efforts déployés pour décontaminer la région ont été limités et que 85 % de la ‘Zone spéciale de décontamination’ n’est toujours pas décontaminée. [2] Quant au plan d’action officiel du gouvernement qui vise un démantèlement dans un délai de 30 à 40 ans, il n’a aucune chance de succès, comme l’analyse en détail un récent rapport de Greenpeace. [3]


En Belgique : Engie doit encore payer l’addition

Dans la foulée de la catastrophe, l’Allemagne a replanifié – avec succès – de quitter l’énergie nucléaire tandis que l’Europe imposait des stress tests à toutes les centrales nucléaires du Vieux continent pour en déterminer les faiblesses. Alors que tous les dangers n’avaient même pas été passés en revue, dix ans après, les recommandations émises n’ont pas toutes été appliquées. En Belgique, on peut noter en particulier que le risque d’inondation à Tihange n’est pas suffisamment pris en compte. [4]

Tout cela confirme une fois de plus la nécessité de maintenir la sortie du nucléaire et de fermer les dernières centrales nucléaires belges au plus tard en 2025. Greenpeace se félicite donc des récentes décisions d’Engie-Electrabel de tourner la page du nucléaire qui cessera ainsi de bloquer le développement des énergies renouvelables. 

Mais Engie-Electrabel après avoir mangé pendant des décennies au restaurant nucléaire ne peut pas partir sans payer l’addition et doit fournir des garanties de sécurité et de financement en vue du démantèlement et de la gestion des déchets à l’ensemble de la population”, interpelle Jan Vande Putte. “Ces risques ne disparaîtront pas du jour au lendemain. En particulier, les piscines de refroidissement resteront des structures vulnérables avec des concentrations élevées de radioactivité pendant des années après la fermeture de tous les réacteurs”, conclut-il.

Cette année, suite à la crise du Covid-19, Jan Vande Putte ne se trouve pas au Japon et est disponible pour des interviews.

Contact :
Service de presse de Greenpeace, 0496/26.31.91, [email protected]

Notes :
[1] Osaka est une ville située à 600 km de Fukushima.
[2] Voir le rapport, “Fukushima 2011-2020”, qui s’est concentré sur les mesures à Iitate et Namie dans la préfecture de Fukushima.
[3] Voir “Decommissioning of the Fukushima Daiichi Nuclear Power Station From Plan-A to Plan-B Now, from Plan-B to Plan-C”.
[4] Les stress-tests de 2011 ont ainsi établi que la protection contre les inondations à Tihange était inadéquate (« largement insuffisante »). La protection supplémentaire qui a depuis été implémentée est toujours inadéquate aujourd’hui. Voir détails dans “Lessons not Learned from the Fukushima Accident”  dont un résumé en français est disponible sur simple demande.