Un rapport publié aujourd’hui par Greenpeace Allemagne révèle la présence de résidus de plusieurs pesticides sur des citrons verts produits au Brésil et vendus dans l’Union européenne. Un laboratoire accrédité et certifié a analysé plus de 50 échantillons de citrons verts achetés dans des supermarchés et des marchés de gros en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas et en Suède, et trouvé des résidus de pesticides dans tous les échantillons sauf un. Ces pesticides, dont l’herbicide glyphosate et les insecticides imidaclopride et cyperméthrine, sont vendus par des entreprises européennes au Brésil, l’un des principaux utilisateurs de pesticides au monde.

Principales conclusions de l’étude menée par Greenpeace Allemagne:

  • Sur les 52 échantillons analysés, 51 contenaient des résidus de pesticides.
  • 27 ingrédients actifs ont été décelés, à savoir un biocide (le chlorate, un désinfectant), trois herbicides, dix fongicides et 13 insecticides.
  • Six des ingrédients actifs identifiés ne sont pas autorisés ou sont interdits dans l’UE.
  • Un tiers des échantillons contenait du glyphosate, un herbicide potentiellement cancérigène.
  • Bien qu’aucune limite légale n’ait été dépassée pour les résidus de pesticides individuels, plus de 90 % des échantillons contenant des résidus présentaient un cocktail toxique de sept pesticides différents.
  • La Belgique et la France sont les plus grands exportateurs de pesticides vers les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay). La Belgique a exporté 50 504 tonnes de pesticides vers ces pays entre 2018 et 2022.

Plus de la moitié des pesticides décelés sont considérés comme extrêmement dangereux car présentant un risque élevé pour la santé humaine, les animaux ou l’environnement. L’étude a été réalisée en prévision des discussions que l’UE aura le mois prochain sur l’accord commercial de libre-échange avec les pays du Mercosur. Si cet accord commercial voyait le jour, il supprimerait les droits de douane sur les exportations européennes de pesticides vers les pays du Mercosur et limiterait les contrôles sur les produits alimentaires importés, impliquant une forte hausse de l’utilisation des pesticides et donc de leurs effets néfastes.

L’accord UE-Mercosur est toxique” déclare Albane Aubry, experte agriculture chez Greenpeace Belgique. “Les géants européens de la chimie produisent et exportent déjà vers le Brésil de nombreuses substances toxiques, dont certaines ne sont même pas autorisées dans l’UE. Les pays européens les importent ensuite sous la forme de résidus sur les aliments. L’accord encouragera le commerce des pesticides et amplifiera ce cycle toxique, et va également cimenter entre les deux parties une relation néo-coloniale et extractiviste qui favorise l’UE. Il perpétue un modèle économique qui détruit notre planète. Greenpeace appelle les responsables politiques à enterrer l’accord UE-Mercosur une fois pour toutes”.

Échantillons belges

Les cinq échantillons belges examinés présentaient tous des traces de pesticides. Des traces d’imidaclopride ont même été retrouvées dans l’un d’eux. Il s’agit d’un néonicotinoïde interdit dans l’UE à cause de sa nocivité pour les abeilles.

« Des pesticides interdits dans notre pays reviennent donc dans nos assiettes, et constituent un danger pour notre santé, après avoir causé des dégâts environnementaux et sociétaux dans des pays du Sud Global », conclut Albane Aubry. “Cela montre à quel point notre système alimentaire est défectueux et injuste. Nous devons le faire évoluer vers un système qui respecte les agriculteur·rices, l’environnement et notre santé. La Belgique doit faire du droit à une alimentation durable et de qualité pour tou·tes une priorité et veiller à ce que l’UE ne ratifie pas l’accord du UE-Mercosur ».

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