A l’automne dernier, 222 écoles ont participé à la plus large opération de mesure de qualité de l’air dans des écoles jamais réalisée en Belgique. Alors que les enfants sont particulièrement affectés par la pollution de l’air, notamment au dioxyde d’azote, les conclusions publiées aujourd’hui sont très préoccupantes : seuls 3% de ces établissements présentent une bonne qualité de l’air tandis que 61% en ont une inquiétante voire une mauvaise.

D’après les conclusions dressées par BuroBlauw, le laboratoire spécialisé qui a mené l’enquête, la proximité du trafic et les gaz d’échappement sont un facteur déterminant de la qualité de l’air d’une école. D’ailleurs, durant les heures d’école, la pollution augmente de 13% en moyenne dans chaque établissement à cause de l’activité automobile accrue. [1]

“Les véhicules diesel sont le plus grand coupable de cette pollution au dioxyde d’azote, car ils en expulsent énormément. Mais on ne peut blâmer les parents d’en utiliser, souligne Joeri Thijs, expert en Mobilité et Qualité de l’air chez Greenpeace. Les consommateurs ont toujours été dupés jusqu’ici. [2] Les conclusions de l’opération “Mon air, mon école” doivent réveiller nos politiciens afin qu’ils prennent enfin des mesures fortes et hardies pour protéger les citoyens contre cette pollution qui nous empoisonne chaque jour, surtout les enfants.”

Les écoles situées en zone urbaine ont des résultats globalement moins bons que celles situées à la campagne mais on note l’impact de l’effet des rues canyons aussi sur ces dernières. Les écoles de campagne implantées dans des rues étroites à fort trafic (dites rues canyons) ont ainsi en moyenne de plus mauvais résultats que les écoles citadines mais implantées dans des rues plus larges et moins fréquentées.

Le mouvement bruxellois BRAL se réjouit qu’autant d’écoles et d’acteurs aient participé, soulignant “l’énergie incroyable de ces centaines de citoyens-scientifiques qui traquent la pollution de l’air. Ils cherchent à faire bouger le politique pour demander que les sources de pollution soient réduites afin de garantir la santé-environnementale de leur communauté, et notre droit élémentaire à respirer”.

Les poumons des enfants, bons filtres mais fragiles

Un droit qui n’est pas sans risque quand on connaît les maladies provoquées par l’air pollué au dioxyde d’azote, surtout chez les enfants, et ce déjà en dessous du seuil de 40 microgrammes par mètre cube établi par l’Union européenne. “Les poumons des enfants sont hélas les meilleurs filtres d’air pollué : ils en retiennent toute la nocivité”, commente le professeur Catherine Bouland (ULB). “Les enfants ont pourtant bien le droit de grandir sainement. Mais la pollution de l’air augmente, entre autres, chez eux les risques d’asthme, d’allergies et de diabètes et a un impact négatif sur leur développement cognitif.”

Les parents souhaitent évidemment pour leurs enfants un environnement sain, mais nous sommes tous concernés”, complète La Ligue des Familles. “Parents, éducateurs, personnels de santé, secteur associatif, privé et pouvoirs politiques, tous les acteurs doivent œuvrer à des politiques de prévention, de sensibilisation et à des normes strictes pour garantir aux enfants leur droit à un environnement de qualité.”

Repenser la mobilité

La qualité de l’air a aussi été mesurée dans les classes. Les résultats montrent que souvent les écoles doivent choisir entre la peste et le choléra : le manque de renouvellement de l’air dans la salle de classe ou un excès de gaz d’échappement.

Pour les aider à améliorer la qualité de l’air de leur établissement, en marge du résultat individuel, chaque école reçoit plusieurs recommandations pratiques. L’école des Quatre-Vents, à Molenbeek, où a eu lieu la conférence de presse, a d’ailleurs depuis quelques années limité le trafic automobile dans la rue de l’école aux heures d’arrivée et de départ des enfants. Mais les écoles ne pourront, seules, améliorer drastiquement la qualité de l’air comme l’urgence l’imposerait.

“L’influence du trafic est mise en évidence par cette recherche et montre que c’est toute la mobilité qui doit changer”, conclut Netwerk Duurzame Mobiliteit. “Il faut que les pouvoirs publics prennent enfin de vraies mesures pour réduire la quantité de gaz d’échappement à proximité des écoles et dans nos rues en général”

Les résultats de cette enquête seront présentés cet après-midi même et les prochains jours aux responsables politiques concernés. Des rendez-vous sont déjà prévus en ce sens.

Contact :

Thomas Leroy, 0496/26.31.91

Notes :

[1] Cette enquête – disponible dans son intégralité ainsi que son résumé sur ce site web – a été réalisée par Greenpeace en partenariat avec Gezinsbond, la Ligue des Familles, Allergienet, stadsbeweging BRAL, Netwerk Duurzame Mobiliteit; les associations de parents KOOGO, VCOV et GO!-ouders; et les mouvements citoyens Bruxsel’air et Clean Air Bxl.

Les résultats individuels de chaque établissement ne seront pas communiqués publiquement. Les écoles ont mesuré durant 4 semaines, entre novembre et décembre 2017, les concentrations de dioxyde d’azote (NO2) à trois endroits: la porte d’entrée, la cour de récréation et dans une classe. Le NO2 est un indicateur important et facile à mesurer de pollution atmosphérique, causée en particulier par le trafic et les émissions de diesel. [2] Le gouvernement belge et l’Europe ont encouragé l’utilisation des véhicules diesel, notamment car ils émettaient moins de CO2. Or, pendant des années, les constructeurs automobiles ont menti et triché. De plus une investigation récente de Greenpeace a montré que même les derniers modèles diesel approuvés ne sont pas propres et ne respectent pas les normes internationales d’émission de dioxyde d’azote.