Alors que la COP26 s’ouvre dimanche à Glasgow, Greenpeace pointe du doigt les autorités belges, qui n’ont toujours pas de position commune, et présente ses exigences pour ce sommet décisif pour l’avenir de l’humanité.

Après une édition 2020 annulée, la COP26 constitue l’ultimatum fixé par les États pour traduire en actes les ambitions de l’accord de Paris en 2015. Les gouvernements doivent donc, enfin, s’y accorder sur des mesures concrètes qui permettront de limiter les pires conséquences du changement climatique.  

Voici les principales demandes de Greenpeace : 

  • Une réduction drastique et rapide des émissions de gaz à effet de serre
  • La fin de l’ère des énergies fossiles
  • Le refus d’un marché international du carbone ; nous avons besoin de responsabilité et de coopération
  • La solidarité avec les pays en voie de développement via la concrétisation d’un financement climat à hauteur de 100 milliards de dollars par an

Absence d’accord en Belgique

“Nous sommes très inquiets de constater que trois jours avant la COP, notre pays n’est toujours pas parvenu à s’accorder sur une position commune”, explique Carine Thibaut, porte-parole de Greenpeace Belgique, qui sera présente à Glasgow. Fin 2019, avec son plan énergie-climat peu ambitieux, la Flandre a en effet bloqué la hausse des ambitions climatiques belges, qui était pourtant une demande européenne. [1] Ce blocage persiste aujourd’hui. En début de semaine, une analyse de l’Agence européenne pour l’environnement a révélé que la Belgique obtenait les pires résultats en matière de gestion climatique et de transition énergétique, à égalité avec la Bulgarie. Il y a deux semaines à peine, plus de 50 000 Belges défilaient dans la rue pour faire part de leur préoccupation”, poursuit Carine Thibaut. “Nos autorités doivent les écouter et sortir notre pays de sa position de cancre climatique européen.” 

Faire baisser les émissions en sortant de l’ère fossile 

Le dernier rapport du GIEC est limpide, limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ne sera possible qu’en cas de diminution drastique de nos émissions. Les engagements et les actes de nos états se sont montrés insuffisants pour amorcer cette baisse jusqu’ici, puisqu’ils nous conduisent en effet à des émissions qui augmentent de 16 % d’ici à 2030, ce qui nous place sur la voie d’un réchauffement de 2,7 °C d’ici à 2100. “Les gouvernements doivent donc urgemment revoir leurs ambitions lors de la COP”, explique Carine Thibaut. “Une baisse de moitié des émissions globales d’ici à 2030 est un minimum sur lequel il faut s’accorder. Les gros pollueurs historiques doivent prendre l’initiative, et s’engager plus fort et plus vite.”

Pour arriver à cet objectif, et viser la neutralité carbone en 2050, Greenpeace appelle les états à acter la sortie de l’ère des énergies fossiles. “Concrètement, cela signifie la fin de tout nouveau projet et investissement d’exploitation des énergies fossiles, et la fin progressive des projets existants. Les énergies fossiles ont été identifiées formellement par les scientifiques comme responsables de la crise que nous vivons, nous devons les abandonner.”

Refuser le système de marchés de compensation carbone


La COP fera certainement ressortir les différences d’interprétation sur l’article 6 de l’accord de Paris, relatif à la coopération internationale dans les efforts réalisés. Pour Greenpeace, il ne peut en aucun cas s’agir d’une occasion d’introduire un système de marchés de compensation carbone. Ce type de procédé aurait pour conséquence d’octroyer un permis de polluer aux nations et aux entreprises les plus riches. “La compensation carbone est un leurre”, explique Carine Thibaut. “Un système de transaction du droit de polluer ne ferait que retarder l’action réelle, et entraînerait une marchandisation de la nature avec à la clé des droits humains bafoués parmi les communautés les plus vulnérables de la planète. Nous sommes résolument contre.”

Placer la solidarité au centre

Les pays riches doivent s’engager les premiers dans la lutte contre une crise climatique dont ils sont les grands responsables. En 2009, un grand nombre de pays riches, et notamment les membres de l’Union Européenne, se sont engagés à mobiliser dès 2020 un financement climatique de 100 milliards de dollars par an en faveur des pays en voie de développement. En 2020, ils n’y sont pas parvenus. “Ces pays engagés doivent présenter à la COP26 un plan solide et transparent”, conclut Carine Thibaut.“Ils devront démontrer comment les 100 milliards de dollars seront versés chaque année au cours des cinq prochaines années. Ce financement permettra le développement de systèmes énergétiques propres, la transition vers l’abandon des énergies fossiles mais aussi l’adaptation aux impacts des changements climatiques.”

Note:  [1] Fin 2019, la Belgique a soumis à la Commission européenne son plan commun pour l’énergie et le climat pour la période 2021-2030. Il était affaibli par le plan climat flamand de fin 2019, qui ne prévoit qu’une réduction de 32,8% des émissions de CO2, alors que l’Europe demandait -35% et qu’une ambition plus élevée était déjà dans les plans européens.