La nature et les arbres sont absents de manière alarmante des villes et des villages belges, en particulier dans les communes et les quartiers les moins riches. C’est ce qui ressort d’une analyse de données réalisée par Greenpeace Belgique en vue des élections locales du 13 octobre 2024. Genk est la ville la mieux notée en termes de nature urbaine, tandis que Mouscron fini en bas du classement.
L’analyse a été réalisée à partir de données cartographiées par DataLab, un collectif de scientifiques bénévoles et indépendant·es soutenu·es par la Fondation Roi Baudouin. La carte interactive indique l’accès à la nature urbaine pour chaque bâtiment en Belgique selon la règle des 3-30-300 du professeur néerlandais Cecil Konijnendijk.
Résultats pour la Belgique, 5 points à retenir
Dans 101 communes belges – représentant 1,3 million de personnes – pas un seul bâtiment n’est conforme à la règle des 3-30-300. Dans 72 % des communes, moins d’un dixième des bâtiments est conforme à la règle 3-30-300. Ce sont donc des millions de personnes qui pourraient être en meilleure santé et avoir une meilleure qualité de vie si nous faisions un effort massif pour verdir nos quartiers dès maintenant et au cours de la prochaine législature.
Les données nous montrent que les communes les plus riches obtiennent les meilleurs résultats en ce qui concerne la règle des 3-30-300, et même au sein de nombreuses communes, nous constatons que les quartiers riches obtiennent de meilleurs résultats en termes d’espaces verts que les quartiers pauvres. Quelle qu’en soit la cause, ces données révèlent une importante injustice. En effet, la répartition inégale des arbres et des espaces verts entraîne à son tour une répartition inégale de leurs bienfaits sur la santé. Les quartiers pauvres subiront davantage l’effet des îlots de chaleur, et ces mêmes personnes devront se déplacer plus loin pour trouver de la fraîcheur. Ce problème doit être traité en priorité par les autorités communales!
A minima un million de Belges ne disposent même pas d’un mini-parc de 0,2 ha à 300 mètres de chez eux, et cette carence est particulièrement prononcée à Anvers, dans plusieurs communes de la Région de Bruxelles-Capitale, à Mouscron, à Tournai, à Ath et à Roulers. Parallèlement, la proportion de canopée pour la quasi-totalité de la Belgique est catastrophiquement faible, et ce n’est qu’une minorité de communes, principalement riches, qui disposent d’une couverture arborée suffisante. C’est à Mouscron, Verviers, Tournai, Liège, Ostende, Namur et Roulers que ce manque est le plus flagrant.
La méthode de calcul des bâtiments qui répondent à la règle des 3-30-300 induit une forte surestimation des résultats. Cela est dû aux limites des données accessibles au public. Par exemple, la règle des 300 exige que toute personne située dans un rayon de 300 mètres dispose d’un parc d’au moins 0,5 ha, mais dans notre cartographie, la règle des 300 a été calculée sur la base d’une superficie minimale de 0,2 ha. En réalité, la Belgique est donc beaucoup plus éloignée du cadre de vie sain et verdoyant nécessaire que ne le laissent penser ces résultats.
Avec de petites actions, nous pouvons avancer rapidement vers des villes saines et respectueuses du climat. Les communes, mais aussi les citoyens, peuvent identifier en un coup d’œil sur la carte les rues qui ont besoin d’être végétalisées et arborées et les quartiers qui ont besoin d’un parc de toute urgence. Et comme la croissance d’un arbre est très lente, il faut planifier ces aménagements du territoire au plus tôt !