L’APPEL DES PREMIÈRES NATIONS POUR UN MORATOIRE SUR L’EXPLOITATION FORESTIÈRE AU COEUR DE L’HABITAT DU CARIBOU

La région de l’Abitibi-Témiscamingue, dans l’ouest du Québec ─ qui englobe les territoires traditionnels de nombreux peuples autochtones ─ est un endroit très prisé pour ses minerais, son bois et ses fourrures depuis l’arrivée des premiers colons européens. Aujourd’hui, près de la moitié des terres sont sous concessions minières et les opérations forestières continuent de réduire le magnifique paysage boréal à une version réduite de lui-même. Au cœur de tout cela se trouve une petite population isolée de caribous (Val-d’Or) en danger imminent d’extinction. La Première Nation Anishnabe de Lac Simon, qui partage ces terres avec les caribous depuis des millénaires, fait tout pour les sauver.

Soutenez la Première Nation du Lac Simon et aidez à mettre fin à l’exploitation forestière dans l’un des derniers habitats essentiels du caribou.

Défrichement de la forêt afin de construire un chemin pour l’exploitation forestière et minière dans l’habitat du caribou de Val-d’Or

Québec ignore les appels de la Première Nation du Lac-Simon

La culture Anishnabe du Lac Simon est vivante, prospère et entrepreneuriale. Avec une population de 3 000 personnes, la communauté a fait preuve d’une bravoure, d’une persévérance et d’une solidarité incroyables face à la discrimination et à l’injustice de toutes parts. En 2017, elle est intervenue pour protéger la harde de caribous de Val-d’Or, après que le gouvernement du Québec ait décidé de laisser cette dernière s’éteindre. Le gouvernement a d’abord proposé d’expédier les caribous dans un zoo, avant de déclarer que cette solution serait trop coûteuse. Le gouvernement les maintient aujourd’hui dans un enclos, sans véritable plan. Comme l’a dit Ronald Brazeau, directeur du département des ressources naturelles de la Première Nation du Lac Simon,  « d’abord, ils ont mis nos peuples dans des réserves, maintenant la faune dans des enclos, indéfiniment. Que pensent-ils qu’il va se passer ?» Le gouvernement du Québec a systématiquement ignoré les plans de conservation proposés par la Première Nation du Lac Simon au cours des 30 dernières années. Cela a contribué à l’appauvrissement de la communauté, car moins de terres et de faune signifient moins de ressources alimentaires, médicinales et d’activités culturelles et économiques.

Les caribous de Val-d’Or: voués à l’extinction ?

La harde de caribous de Val-d’Or est un excellent exemple de la façon dont l’activité industrielle a affecté l’écosystème forestier local. La région comptait autrefois 50 caribous.  Aujourd’hui, on ne recense que 9 individus. Cette harde génétiquement distincte est maintenant isolée en raison de la perte de son habitat naturel. À mesure que les forêts anciennes disparaissent, leur principale source de nourriture ─ le lichen ─ disparaît également. Le caribou boréal est une « espèce parapluie », ce qui signifie que sa santé reflète celle de l’écosystème forestier. Si le caribou est menacé, on peut s’attendre à ce que de nombreuses autres espèces forestières soient également touchées.

Le caribou est également considéré comme une « espèce clé du patrimoine culturel », car son existence influence la culture et la subsistance de nombreux peuples. Pendant des millénaires, les caribous ─ comme la harde de Val-d’Or ─ ont soutenu les peuples anishnabe, sur le plan alimentaire, culturel et spirituel. Si la harde de caribous de Val-d’Or venait à disparaître, les Aînés de la Première Nation Anishnabe du Lac Simon craignent que les prochaines générations perdent un élément crucial de leurs savoirs, de leurs moyens de subsistance et de leur identité. « Pendant des milliers d’années, les Algonquins ont survécu grâce au caribou », explique la cheffe de la Première Nation du Lac Simon, Adrienne Jerome. « Aujourd’hui, nous sommes redevables à cet animal et il n’est pas question de le laisser disparaître. »

Ceci n’est pas un caribou forestier traversant la route, mais plutôt une route passant à travers son habitat.

Le leadership autochtone en matière de conservation

Le département des ressources naturelles de la Première Nation du Lac Simon travaille d’arrache pied pour faire fermer les chemins forestiers, restaurer les terres, traquer les prédateurs et faciliter la reproduction des caribous. Il préconise également d’autres mesures de conservation. L’une d’entre elles consiste à mettre fin à l’exploitation forestière dans la zone 2,  connue comme l’un des derniers bons habitats pour la harde de caribous de Val-d’Or. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a, quant à lui, systématiquement rejeté cette demande.

Pourtant, cette solution a fait ses preuves en termes de rétablissement de cette animal. Il suffit de regarder l’exemple de la harde de caribous de Klinse-Za en Colombie-Britannique. Grâce aux efforts de conservation des Premières Nations West Moberly et Saulteau, cette harde est maintenant en plein essor. Alors, plutôt que de lutter contre ce type de propositions, les gouvernements dont celui du Québec devraient soutenir les efforts de conservation des peuples autochtones. D’ailleurs, la plus récente Commission sur le caribou au Québec a révélé qu’une bonne partie de la population souhaite sauver la harde de Val-d’Or et espère voir ses représentants gouvernementaux collaborer avec les peuples autochtones pour y parvenir. Mais force est de constater que jusqu’à présent, le gouvernement du Québec a non seulement échoué à protéger la biodiversité, mais échoue également à reconnaître les droits, les connaissances et le bien-être des Peuples autochtones.

L’un des nombreux panneaux que la Première Nation du Lac Simon installe à la fermeture de chemins forestiers afin de laisser place à la restauration de l’habitat du caribou.
Zone 2 – Identifiée par la Première Nation du Lac Simon comme l’un des derniers bons habitats du caribou de Val-d’Or pouvant lui donner une meilleure chance de rétablissement. La demande de moratoire d’exploitation forestière se fait ici. La plus petite carte montre comment la harde de caribou est isolée des autres en raison de l’exploitation industrielle excessive et d’autres activités humaines au fil des ans.

Passez à l’action

Greenpeace Canada a travaillé en étroite collaboration avec la Première Nation du Lac Simon pour souligner ses efforts et exercer des pressions politiques. Nous exhortons le gouvernement à reconnaître les droits et les connaissances des peuples autochtones dans la résolution de la crise de la biodiversité. La Première Nation du Lac Simon souhaite mettre fin à l’exploitation forestière dans l’habitat du caribou pour sauver la harde de Val-d’Or. Deux faons sont nés ce printemps, ce qui suggère qu’un rétablissement est possible et fait naître un espoir. Mais ce projet ne pourra prendre forme sans votre soutien. 


Ajoutez votre voix en solidarité avec la Première Nation du Lac Simon. Dites au ministre Dufour d’arrêter d’exploiter l’habitat du caribou et de commencer à écouter la Première Nation du Lac Simon!

Greenpeace érige un cimetière de caribous devant les bureaux d’Environnement Canada