Une étape historique pour la protection internationale des forêts a été franchie mardi matin : les négociations sur une loi forestière européenne ont abouti. Finalisée par les représentant·es du Parlement européen et des gouvernements nationaux, la loi oblige les entreprises à prouver que leurs produits n’ont pas contribué à la déforestation si elles veulent les vendre dans l’UE et leur impose de pouvoir retracer la chaîne d’approvisionnement, depuis la parcelle de terre jusqu’au supermarché.
Cependant, si ce règlement apparaît encourageant, Greenpeace alerte sur le fait que la loi comprend des lacunes. Si elle protège les forêts, elle ne mentionne pas d’autres écosystèmes comme celles du Cerrado au Brésil. Pour rappel, cet écosystème, trésor de biodiversité et grand comme la moitié de l’UE, est largement détruit par l’agro-industrie pour faire pousser du soja importé en Europe.
De même, les droits humains et en particulier ceux des peuples autochtones ne sont pas suffisamment protégés par ce texte. Malgré la volonté du Parlement de défendre les droits humains reconnus au niveau international, l’accord conclu n’exige le respect du droit au consentement préalable, libre et éclairé des populations autochtones que si le pays producteur garantit ce droit.
« Il s’agit d’une avancée majeure pour les forêts et pour les personnes qui se sont mobilisées pour les protéger : cette loi empêchera certaines entreprises de tirer profit de la déforestation, explique Eric Moranval, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. Mais ne soyons pas naïfs : ce règlement n’offrira qu’une protection médiocre aux peuples indigènes qui paient de leur sang pour défendre la nature, et comporte des failles bénéfiques à certaines industries forestières. Nous resterons particulièrement vigilants dans les années à venir : l’UE doit élargir son champ d’action pour aussi impliquer le secteur financier et protéger la nature dans son ensemble, et pas seulement les forêts. »
La loi s’applique aux entreprises qui vendent du soja, du bœuf, de l’huile de palme, du bois, du caoutchouc, du cacao et du café et certains produits dérivés tels que le cuir, le chocolat et les meubles. Pour ces produits, il s’agit d’un progrès important. A l’heure actuelle, les résident·es de l’UE n’ont aucune garantie que les articles de leur panier n’ont pas contribué à la déforestation.
Une révision de ce règlement est prévue deux ans après son entrée en vigueur : celle-ci permettra potentiellement de protéger davantage d’écosystèmes comme les tourbières et les zones humides, d’inclure les institutions financières européennes et de couvrir un plus large spectre de produits, comme le maïs et les agrocarburants.
Début 2023, le Parlement européen devra approuver cette nouvelle réglementation européenne sur la déforestation lors d’un vote en plénière, et les pays membres donneront leur approbation officielle lors d’une réunion ministérielle. La loi devrait en principe rentrée en application dans un an et demi.
Source : Greenpeace France