Le 14 février ne marque pas que la Saint-Valentin, c’est aussi le jour du dépassement du Luxembourg (en anglais : Overshoot Day), le jour où les habitant·es du Luxembourg ont atteint le point de vivre au-delà de leurs moyens naturels. Aujourd’hui, le Grand-Duché a utilisé toutes les ressources disponibles produites annuellement. 

Si nous souhaitons tous et toutes un monde dans lequel nos petits-enfants pourront grandir en menant une vie saine et digne, la question la plus urgente est de savoir comment nous pouvons subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles aujourd’hui sans consommer les ressources des générations futures. La cause première de la pression environnementale est que les systèmes économiques et financiers sont principalement guidés par des valeurs telles que le profit et la croissance – ce qui non seulement épuise les richesses naturelles de la planète, mais entraîne également la destruction de la planète et de ses habitant·es.  Ce modèle fonctionne bien pour certains et certaines – ceux qui s’enrichissent au détriment des autres et des générations futures – mais il crée d’énormes inégalités entre les gens et n’est pas durable pour les populations et la planète. 

La Terre est en train d’être détruite par une tempête mêlant production industrielle et  surconsommation – le tout accompagné d’un nappage d’incompétence et d’ignorance ou, dans le pire des cas, de mensonges, de mauvaise politique, d’hypocrisie et d’écoblanchiment d’un système injuste qui profite principalement aux riches et aux puissant·es. Les mauvais choix des gouvernements et des entreprises – et le silence de la classe moyenne qui profite d’une vie douce – ont conduit à l’hypercrise que nous vivons. Néanmoins, nous pouvons choisir de mettre fin à l’ère des injustices mondiales et locales et de la destruction de la nature. 

Jour du dépassement 

Comme chaque année, le Luxembourg est le premier pays européen à atteindre le jour du dépassement du Global Footprint Network – seul le Qatar fait pire au niveau mondial.

Le dépassement global, l’exploitation irrémédiable des ressources naturelles de la planète, le “Earth Overshoot Day”, tombe cette année en juillet, l’humanité mettant 7 mois à épuiser ce qui aurait dû au moins durer toute l’année. Pendant le reste de l’année, nous nous enfonçons dans la dette écologique, en dépensant à outrance les richesses naturelles de notre planète, comme un accro du shopping, sans avoir conscience de  la manière dont nous pourrons un jour payer la facture. 

Au total, 56 des pays industrialisés les plus riches – y compris l’ensemble de l’Europe – dépassent les limites : leur modèle économique linéaire d’extraction, d’utilisation et de mise au rebut est devenu incontrôlable. Ils sont en déséquilibre avec la Terre et mènent la course vers le bord de la falaise, effaçant tout crédit accumulé par les pays qui ne dépassent pas la limite. 

Les frontières planétaires 

Une autre façon de mesurer l’impact de nos systèmes économiques et financiers  est celle des frontières planétaires. Établi par un groupe de 28 scientifiques de renommée internationale, cet ensemble de neuf limites planétaires identifie les neuf processus qui régissent la stabilité et la résilience terrestre nécessaire à la vie (humaine). Nous pouvons mesurer dans quelle mesure ces limites ont été dépassées, et des études récentes suggèrent que l’activité humaine a déjà causé le franchissement de six des neuf limites : le changement climatique, intégrité de la biosphère, la perturbation des cycles biochimiques de l’azote et du phosphore, le changement de système d’utilisation des sols, les nouvelles entités introduites dans l’environnement (produits chimiques) et le changement de la ressource en ‘eau douce.

Des économies pour notre avenir

Nous devons changer notre focus des résultats bilantaires des entreprises au bien-être de la planète et de tous ses habitant·es. Nous avons l’habitude de parler de retour sur investissement, mais qu’en est-il du retour sur notre planète ? Il est temps d’introduire un peu d’amour et de compassion dans l’équation.

Nous ne devons pas seulement réduire les impacts de notre système, nous devons aussi nous pencher sur le système lui-même. Nous avons certes toutes et tous un rôle important à jouer : en tant qu’électeurs et électrices, consommateurs et consommatrices, mais aussi en tant que professionnel·les, nous pouvons faire pression pour des solutions durables. Néanmoins, l’urgence climatique ne peut être abordée que collectivement pour apporter les changements dont la planète a besoin.

Un nouvel état d’esprit

Nous devons dépasser notre vision de la nature centrée sur l’être humain, qui nous place et la nature dans des camps opposés, et nous considérer plutôt comme faisant partie de la nature que nous devons défendre.  Pour cette raison, nous devons collectivement changer notre façon de penser les codes qui régissent notre vie commune, l’économie en premier. 

Nous ne pouvons pas continuer à exploiter notre planète et attendre qu’elle continue à nous servir. Nous devons passer d’une logique de profit à une logique qui privilégie la durabilité et le bien-être. En intégrant l’amour et la compassion dans nos systèmes économiques et financiers – et dans la façon dont nous y pensons et en parlons – nous créerons un avenir meilleur pour tous et toutes. Profitons donc de cette Saint-Valentin pour répandre de l’amour, non seulement à nos proches, mais aussi à notre planète.