Luxembourg, le 27 juin 2022Les « KlimaSeniorinnen », une association originaire de Suisse qui réunit plus de 2 000 femmes de 73 ans en moyenne, sillonnent actuellement l’Europe dans le but de faire connaître leur action en justice contre l’inaction climatique du gouvernement suisse. Lors de leur escale à Luxembourg, elles expliqueront pourquoi la protection contre les conséquences de la crise climatique est un droit humain que tout le monde, et surtout les seniors, est en droit et devrait exiger de son gouvernement. 

Le dérèglement climatique nuit non seulement à l’environnement et à la biodiversité, mais aussi à la santé humaine : à cause du réchauffement de la planète, les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes et, comme l’ont montré plusieurs études de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) [1], leurs conséquences peuvent se révéler très graves, en particulier chez les personnes âgées.

Les autorités en charge ont pourtant fait jusqu’à maintenant preuve de négligence lorsqu’il s’agit d’agir pour limiter l’augmentation de la température moyenne globale à un niveau qui ne présenterait aucun risque pour l’humanité. En 2016, environ 150 femmes excédées par la léthargie de la Confédération suisse se sont réunies pour fonder les « KlimaSeniorinnen » et entreprendre une action en justice. L’accusation ? Le gouvernement suisse n’en faisait pas assez pour les protéger des conséquences de la crise climatique.

« Le réchauffement climatique rend les gens malades », explique Anne Mahrer, Vice-Présidente de l’association. « Nous autres, les personnes plus âgées, en sommes particulièrement affectées : parce que les vagues de chaleur sont plus fréquentes et plus intenses, les risques de tomber malade et même de mourir augmentent de façon exponentielle.»

Après avoir interpellé le gouvernement suisse, les KlimaSeniorinnen se sont tournées vers le Tribunal administratif fédéral, puis vers le Tribunal fédéral. À chaque fois, elles se sont heurtées à un refus. À l’automne 2020, les activistes ont porté leur affaire devant la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) à Strasbourg. De nombreux soutiens de renom ont déposé des interventions tierces auprès de la Cour européenne, notamment Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, deux rapporteurs spéciaux ainsi qu’un expert indépendant de l’ONU et enfin le réseau européen des institutions nationales des droits de l’homme (REINDH).

« Ces dernières années, nous avons observé une forte augmentation des litiges climatiques », précise Myrna Koster, chargée de campagne Justice Climatique pour Greenpeace Luxembourg. « Des affaires telles que le procès des aînées pour le climat ou le succès de la Fondation Urgenda contre le gouvernement néerlandais en 2019 [2] montrent que le recours juridique est une option légitime pour les membres de la société civile qui souhaitent revendiquer leurs droits à la vie et à la santé. » 

La Cour européenne des Droits de l’Homme a accepté l’affaire en mars 2021 avec une priorité élevée. Fin avril, l’affaire a même été renvoyée devant la Grande Chambre, soit la plus haute instance de la CEDH. Les KlimaSeniorinnen s’attendent à une audience publique au cours des mois à venir.


Notes : 

[1] Avec l’âge, le corps humain éprouve de plus en plus de difficultés à réguler sa température. Les personnages âgées transpirent moins et ressentent moins la soif, ce qui peut entraîner une déshydratation, des crampes dues à la chaleur, voire même un coup de chaleur potentiellement mortel. (Plus d’informations sur le site de l’OMS)

[2] Fin 2019, la Cour suprême des Pays-Bas a estimé que l’État était tenu de réduire ses émissions de gaz à effet de serre afin de lutter contre le dérèglement climatique. Celui-ci constitue une menace pour la vie humaine, dont les droits sont menacés. Ne pas prendre de mesures suffisantes contre le réchauffement de la planète climatique constitue donc une violation des droits humains.