À l’approche des élections, l’ONG exige un fonds de pension durable

Luxembourg, le 4 octobre 2023 – Ce matin, des militant·es de Greenpeace ont transformé le siège du Fonds de Compensation (FDC) en une « laverie » de verdissement. Avec cette action, l’organisation de protection de l’environnement entend protester contre le greenwashing du fonds de pension, dont la politique d’investissement nuit au climat et aux droits humains. Greenpeace appelle le futur gouvernement à créer les bases légales obligeant le FDC à investir en accord avec les objectifs climatiques et sociaux internationaux.

Selon Greenpeace, le FDC trompe le Luxembourg sur ses efforts en matière de durabilité. Fin 2022, le FDC a publié son Sustainable Investor Factsheet qui est un condensé de certaines méthodes bien connues de greenwashing, notamment la publication sélective (c’est-à-dire la sélection d’informations positives et/ou l’omission d’informations négatives pertinentes) et l’utilisation de labels peu ambitieux. Les déclarations du FDC au sujet de sa propre performance écologique et sociale y sont difficilement vérifiables et/ou pourraient être trompeuses.

Greenpeace a identifié un certain nombre d’exemples qui témoignent du greenwashing pratiqué par le FDC, notamment : 

  • Le FDC met en avant ses 500 millions d’euros investis dans un sous-portefeuille conforme à l’accord de Paris sur le climat. Pourtant, l’ensemble de ses investissements, qui s’élevaient à 24,6 milliards d’euros en 2022, contribue à une augmentation globale de la température de 2,7°C. Le FDC investit notamment dans 23 des Carbon Majors, dont TotalEnergies, Shell, BP, ExxonMobil, Chevron et RWE.
  • En dépit de ses affirmations, le FDC n’exclut pas, ou peu, les entreprises ne respectant pas les principes du Pacte mondial des Nations unies pour le développement durable ainsi que les Principes directeurs de l’OCDE et des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits humains. Une étude de Greenpeace et ASTM sur les investissements du FDC en 2021 a identifié 282 cas de non-respect à la diligence raisonnable en matière de droits humains en relation avec 196 entreprises
  • Le FDC met l’accent sur l’impact soi-disant positif de ses Obligations vertes, qui représentent moins de 2 % du portefeuille total du FDC, alors que 98 % des investissements du FDC n’ont pas fait l’objet d’une analyse. Quant aux chiffres annoncés, ils ne sont pas vérifiables car le FDC ne publie pas ses calculs. 
  • Enfin, le FDC se vante de ses 700 hectares de forêts certifiées PEFC tout en augmentant ses investissements (de 137 à 143 millions d’euros entre 2021 et 2022) dans les plus grands acteurs mondiaux de la déforestation, tels que JBS, Cargill et Wilmar.

Une analyse de Greenpeace a montré qu’en 2022, le FDC a investi plus de 3 milliards d’euros dans des industries nuisibles au climat et à l’environnement, mais aussi dans l’industrie nucléaire et dans des entreprises qui ne respectent pas les exigences des normes internationales en matière de diligence raisonnable dans le domaine des droits humains. La même année, le FDC a investi environ 888 millions d’euros (une augmentation d’environ 6,6 % par rapport à 2021) dans les entreprises les plus climaticides des secteurs du gaz, du pétrole et du charbon.

Greenpeace appelle le futur gouvernement à faire de la durabilité des investissements du FDC sa priorité. Pour que le fonds de pension devienne réellement durable, sa stratégie d’investissement doit être considérablement améliorée. L’organisation estime ainsi urgent de modifier les bases légales du FDC afin de définir des objectifs de durabilité ambitieux et de garantir la participation juridiquement contraignante de la société civile aux processus de décision liés à la durabilité. 

« Face à l’urgence climatique et la crise de la biodiversité, nous avons besoin d’une accélération importante des progrès grâce à des changements structurels dans l’ensemble de la société et l’économie mondiale. Le FDC doit jouer un rôle de leader, en nous assurant un avenir serein au lieu de financer la destruction de nos moyens de subsistance », conclut Martina Holbach.