Noémie, Patricia et Léon (noms d’emprunt) faisaient partie des 1000 citoyen·nes qui ont participé à la première action de désobéissance civile de masse du mouvement Code Rouge. C’était en octobre 2022. Voici leur témoignage. Attention. Il est très probable que cette interview vous donne l’envie de participer, vous aussi, à la prochaine action de Code Rouge du 16 au 17 décembre, contre le secteur de l’aviation. On vous aura prévenu.
Noémie a 48 ans et habite à Bruxelles. Elle a 2 adolescents qui participent aux marches pour le climat. Code Rouge n’était pas sa première action de désobéissance civile, elle a déjà participé à une action organisée par Greenpeace contre le glyphosate. Noémie est sociologue.
Patricia est assistante sociale. Elle a plus de 55 ans et a 4 enfants. Originaire de l’est de la Belgique, c’est sa première action de désobéissance civile de grande envergure. Auparavant, elle a déjà participé à des manifestations de soutien au secteur culturel pendant la crise Covid.
Léon est français. Il est ingénieur dans la rénovation des bâtiments en France. 27 ans et pas d’enfant. C’était sa première action. “Et certainement pas la dernière”, nous dit-il.
Comment s’est déroulée cette action de désobéissance civile ?
Noémie : Je me suis rendue à l’action sans vraiment savoir ce qui m’attendait. Mais je dois avouer que j’en suis ressortie transformée. C’était une expérience géniale. J’ai conscience que nous avons eu de la chance avec le temps sec et le fait que la police soit restée zen malgré leur présence oppressante à certains moments.
Patricia : J’ai pris un énorme plaisir à être en contact avec des gens de tout horizon et venant même de par-delà les frontières.
Léon : J’ai été invité à l’action Code rouge par ma copine qui est proche des mouvements activistes belges. L’expérience était vraiment formidable, l’organisation était excellente, chacun avait un rôle bien précis afin d’être le plus efficace possible.
Quel était votre rôle ?
Noémie : Une fois sur place, on nous a proposé de choisir entre trois types de missions : porter un drapeau, être les “désescaladeurs” ou s’attacher. Mon compagnon et moi avons opté pour la désescalade (il s’agit d’apaiser les protagonistes en cas de conflit). Nous n’avons pas vraiment dû intervenir en réalité. On a surtout marché, chanté et montré qu’on était là.
Patricia : Mon rôle était de transporter les activistes d’un endroit à l’autre.
Léon : Nous devions bloquer un dépôt secondaire. Ma mission était celle d’un « ange gardien », à savoir apporter le soin nécessaire à mon binôme qui allait s’enchaîner à la barrière du dépôt. En fin de compte, la présence policière sur le site était minime. Nous avons maintenu une occupation afin de nous assurer que le site ne soit pas rouvert.
Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Noémie : J’ai été épatée par la qualité de l’organisation et fière de faire partie de cette communauté. J’ai aussi ressenti de la peur face à ce que la police aurait pu faire. Le fait qu’ils déploient tant de moyens était assez impressionnant : hélicoptère, drone, cavalerie, autopompe. Malgré cela, mon sentiment était d’être à ma place et heureuse d’être entourée par tant de personnes conscientes et actives.
Patricia : J’étais un peu déçue de ne pas avoir pu participer davantage mais très heureuse de recevoir des retours positifs par rapport à notre intervention de la part des personnes transportées.
Léon : J’ai ressenti beaucoup d’adrénaline. Surtout au début de l’action, quand nous ne connaissions pas encore l’effectif policier sur place. Le moment le plus intense était la descente du bus devant le dépôt, un fourgon de police nous attendait.
Pourquoi avez-vous participé ?
Noémie : Depuis que je suis enfant, je veux faire partie des activistes Greenpeace. Je gardais en tête leurs actions sur leur bateau et j’ai toujours rêvé d’en être. Comme tant d’autres personnes, je suis excédée et super inquiète face aux injustices sociales et aux destructions environnementales. Je fais le maximum de ce que je peux dans mes choix professionnels ou privés, mais je veux aller plus loin encore. La criminalité des grandes entreprises de ce monde me révolte au plus haut point.
Patricia : L’écologie et les droits humains me tiennent à cœur depuis ma jeunesse. Les manifestations n’ont plus un effet suffisant sur les responsables politiques et économiques. Il me semble urgent de passer à un mode d’action plus « révolutionnaire », de varier les stratégies et de mettre une pression continue. Je crois que la désobéissance civile est justifiée, quand la cause est juste et qu’on n’arrive pas à se faire entendre autrement.
Léon : J’ai participé pour permettre d’augmenter à mon échelle la force de cette action, et aussi pour me former pour de futures actions.
Comment avez-vous entendu parler de Code Rouge ?
Noémie : Je pense avoir reçu un mail de Greenpeace, je suis membre donatrice. J’ai participé à une formation un samedi et ça me motivait franchement.
Patricia : Via des courriels de Greenpeace et d’Extinction Rebellion.
Léon : Ma copine m’en a parlé.
L’action est désormais derrière vous. Que ressentez-vous ?
Noémie : J’ai envie de recommencer au plus vite. Je suis aussi heureuse et fière que toutes ces ONG aient organisé un événement de telle qualité. J’ai appris beaucoup de choses. Comment garder l’anonymat et comment dormir dehors entre des rails de train.
Patricia : J’attends la prochaine action avec impatience. Maintenant que j’ai vu comment tout s’est déroulé, je me sentirai plus sûre de rejoindre éventuellement un autre groupe. Nous étions environ 1000 et l’action a été bien répercutée dans les médias. J’en suis très contente.
Léon : Je suis très satisfait d’avoir participé et que l’action ait eu un aussi gros impact.
Vous aussi, vous voulez (re)vivre une expérience incroyable et tester de nouvelles manières de vous faire entendre et de lutter pour vos idéaux ? Participez à une formation et rejoignez la 3e action du mouvement Code Rouge du samedi 16 au dimanche 17 décembre 2023.