Ensemble, les syndicats et les organisations environnementales défendent une vision durable pour l’avenir de l’aviation, durable pour les employés et le climat.

Les compagnies aériennes souffrent d’une mauvaise santé financière. Le trafic aérien a été réduit à presque zéro. KLM-Air France, Lufthansa et la compagnie belge Brussels Airlines ont demandé le soutien financier des gouvernements nationaux. Brussels Airlines va plus loin en annonçant le licenciement de plus de 1 000 de ses employés.

Cependant, est-il justifiable en période de réchauffement climatique, de budgets déréglés et de pauvreté croissante de soutenir autant un secteur aussi polluant que l’aviation ?

L’aviation doit-elle être sauvée ?

Si nous voulons vraiment mettre en place une transition durable et sociale, c’est maintenant. Pour cela, le gouvernement doit s’impliquer dans ce secteur, car c’est la seule façon de s’engager sur la voie de la mobilité durable.

Quelques 400 000 mille personnes sont actuellement employées dans le secteur européen de l’aviation. Les stewards, les pilotes, les agents d’enregistrement,les bagagistes et bien d’autres assurent les opérations quotidiennes à l’aéroport et veillent à ce que des milliers de passagers arrivent à temps à destination. Ces personnes se trouvent aujourd’hui dans un état d’incertitude, sans savoir quand et si elles auront encore un emploi.

L’aide financière sera allouée en fonction de la position stratégique de ces entreprises et de l’impact sur l’emploi. La France, l’Italie et les Pays-Bas l’ont d’ailleurs déjà accordée. Cependant, en tant que  société nous devons éviter que le contribuable ne paie pour le risque qui revient normalement à l’actionnaire. Nous devons également éviter de retomber dans le statu quo, le business-as-usual, après la crise et laisser les citoyens avec une gueule de bois financière.

L’aviation est responsable de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le problème est qu’il s’agit d’un des rares secteurs où les émissions augmentent (les émissions de l’aviation européenne ont augmenté de 27,6 % au cours des six dernières années), alors que d’autres secteurs investissent dans la réduction de leurs émissions. L’Union européenne s’attend à ce que la part du trafic aérien dans les émissions totales soit multipliée par cinq d’ici 2050 en raison de la croissance exponentielle du secteur. Des politiques supplémentaires sont donc nécessaires pour atténuer l’impact climatique associé.

La crise du coronavirus offre aux gouvernements l’occasion de revenir s’asseoir dans le cockpit et de repenser fondamentalement la manière dont nous organisons notre mobilité. Il est nécessaire de planifier à long terme la manière dont nous pouvons continuer à garantir aux gens la possibilité d’une mobilité nationale et internationale et atteindre parallèlement les objectifs de l’accord de Paris sur le changement climatique. Ou comment cette transition peut se faire socialement en planifiant stratégiquement de sorte que l’aviation et les aéroports s’inscrivent dans un avenir qui s’attaque aussi à la crise climatique dans les prochaines décennies. Après tout, les aéroports peuvent jouer un rôle d’avenir en assurant une meilleure adéquation entre le trafic ferroviaire et aérien. En utilisant efficacement les infrastructures existantes, les installations pour les passagers et le personnel qualifié déjà présent dans les aéroports, il est possible de développer un réseau de transport durable optimal.

À l’avenir, les aéroports peuvent jouer un rôle en rendant le trafic ferroviaire et aérien plus compatible. En utilisant efficacement les infrastructures existantes, les installations pour les passagers et le personnel formé déjà présent dans les aéroports, il est possible de développer un réseau de transport optimal et durable. Ainsi, en coopération avec les opérateurs de trains et les gares, les trains et les vols internationaux pourront à l’avenir proposer une véritable offre de transport. Le trafic aérien et le trafic ferroviaire international peuvent être compatibles si un gouvernement le prévoit, le dirige et l’impose. Avec l’interdiction des vols court-courriers, le gouvernement peut imposer à un aéroport de ne plus desservir certaines destinations et d’utiliser les liaisons ferroviaires à la place. Les vols pour lesquels le train n’offre aucune alternative doivent passer à des carburants durables.

Le secteur doit se détacher de son obsession de croissance. Tout cela doit être fait dans l’optique d’une tarification équitable pour les personnes et l’environnement. Une taxation équitable de l’aviation doit également en faire partie également partie.

Saisissons cette opportunité. En partant de l’infrastructure actuelle, gardons le personnel au travail et impliquons-le dans un scénario futur dans lequel la mobilité reste possible pour tout le monde tout en tenant compte de la crise climatique. Profitons de ce momentum pour montrer qu’une transition durable peut aussi être sociale.

Didier Lebbe – CNE

Elodie Mertz – Greenpeace

Marie Spaey – Inter-Environnement Wallonie