La pandémie mondiale, la crise climatique, la reconstruction économique : la tâche du futur gouvernement s’annonce ardue. Mais relever ce défi pourrait être l’occasion d’offrir à tous les citoyens un avenir attrayant, fait de factures d’énergie moins élevées, d’une mobilité soucieuse de la santé et du climat et proposant un mode de vie confortable et sain. Une coalition des 8 plus grandes organisations environnementales et de la nature de notre pays formule 6 leviers pour le gouvernement du futur.
L’idée de base sur laquelle s’articule la réflexion de la coalition associative : ne pas (s’)investir dans une réplique aveugle du système pré-corona et toutes ses impasses. Mais il faut accorder les moyens de la reconstruction aux défis sociétaux actuels : une transition vers une économie circulaire neutre en carbone, une biodiversité résiliente et un environnement de vie sain, le tout avec un réel souci de justice sociale. De cette manière, nous construirons un système plus performant, plus résistant et conforme aux objectifs de Paris. Les plans de cette transition existent déjà : le « Green Deal » européen doit être transcrit en un plan fédéral sur le climat et l’énergie pour 2030. Et 2030, c’est demain !
La Belgique est aujourd’hui considérée comme l’élève turbulent de la classe européenne, inventant des excuses stupides pour ses devoirs non faits. Cette attitude est dangereuse d’un point de vue économique. Les entreprises et les investisseurs attendent – à juste titre – des règles de jeu claires de la part du gouvernement. Les citoyens – également à juste titre – aspirent à une perspective d’avenir. Pour remédier à ce risque de dérive, la coalition associative formule 6 leviers pour rendre l’avenir à nouveau attractif.
1. Une fiscalité verte
La fiscalité est un levier important pour tout gouvernement. Aujourd’hui, nous subventionnons nos propres embouteillages, la facture énergétique des citoyens augmente et le coût d’un billet d’avion est négligeable par rapport à son coût social réel. Grâce à une taxe sur le CO2 applicable aux combustibles fossiles, également dans le secteur du transport maritime et aérien, des ressources sont libérées pour les investissements verts et les réductions d’impôts. De cette façon, la rémunération en nature que constituent les voitures de société et les cartes essences perdra toute pertinence. La fiscalité actuelle contribue au changements climatiques, mais sa révision peut booster les solutions. Pensez aux rénovations énergétiques. Ces mesures permettent aux citoyens de vivre dans un logement plus confortable tout en réduisant leur facture énergétique et leurs émissions de CO2.
2. Donner un élan à la transition énergétique tout en sortant du nucléaire
Lorsque les centrales nucléaires fermeront en 2025, le gouvernement fédéral devra s’assurer que les exploitants nucléaires couvrent les coûts du risque nucléaire, du démantèlement des centrales et de la gestion des déchets. Comment éviter le retour à la bougie et l’augmentation de la facture énergétique ? En intensifiant le recourt aux énergies renouvelables, y compris en mer. S’il s’avère inévitable d’utiliser les capacités fossiles dans la phase de transition, il faut alors les limiter dans le temps.
3. Et l’énergie éolienne et la préservation de la nature en mer
Le moyen le plus rapide de faire un bond en avant dans le domaine des énergies renouvelables ? Des éoliennes en mer. Le nouveau gouvernement fédéral devra tout mettre en œuvre pour atteindre les 4,4 gigawatts prévus en mer du Nord. Si ces nouveaux parcs éoliens sont mis en place de manière à contribuer à la restauration de la nature, le gain doublera.
4. Des trains qui détrônent la voiture
Les chemins de fer peuvent jouer un rôle clé dans la transition vers une mobilité durable. Mais cela nécessite des plans d’investissement qui mettent la SNCB et Infrabel sur… les rails du futur. Une organisation efficace de l’offre interne à l’image du système Suisse (nœuds de correspondance) couplée au développement de trains de nuit pour le transport international de passagers, fera que les chemins de fer deviendront un sérieux concurrent sérieux à la voiture.
5. Une économie résiliente exempte de gaspillage : l’économie circulaire
Plastiques, matériaux de construction, textiles et électronique : leur production génère aujourd’hui beaucoup de déchets. Pourquoi ? Il est souvent moins coûteux de jeter que de réparer. En stimulant la réparation des appareils, ou en exigeant une quantité de contenu recyclé dans les matériaux d’emballage, nous évoluons vers une économie circulaire qui utilise ses matières premières à bon escient. Et, comme les matières premières sont limitées et que l’élimination des déchets est coûteuse, cela finira par créer une économie résiliente.
6. La nature au cœur du renouveau
Notre empreinte écologique met les espèces et leurs habitats sous pression. Que peut faire le gouvernement fédéral à ce sujet ? En souscrivant à l’ambition européenne de réduire de moitié notre empreinte écologique d’ici 2030 et d’enrayer la disparition des habitats et des espèces, elle prend un engagement majeur. En outre, notre pays doit lutter contre la déforestation mondiale et le commerce illégal d’animaux sauvages et de bois.
Comment ce gouvernement peut-il marquer l’histoire ? En ne se contentant pas d’attendre l’avenir, mais en le façonnant. Avec ces 6 leviers, il s’engage fermement dans cette direction. S’il parvient à offrir à tous les citoyens – et en premier lieu aux personnes vivant dans la pauvreté – des avantages notables (air pur, emplois verts, meilleure mobilité, réduction de la facture énergétique et amélioration du logement), le soutien à ce projet de transition sera au rendez-vous et sera une garantie de réussite.
Danny Jacobs (directeur BBL),
Raf Pauly (coördinator BRAL),
Valerie Del Re (directeur Greenpeace),
Sylvie Meekers (directeur IEW),
Philippe Funcken (directeur Natagora),
Walter Rycquart (directeur Natuurpunt),
Antoine Lebrun (directeur WWF)