Le verdict sur le cas opposant Greenpeace à la Région wallonne concernant la qualité de l’air est tombé : la juge estime que la Wallonie respecte les obligations européennes. Greenpeace n’abandonne pas la lutte pour la santé des citoyens wallons et envisage de nouvelles démarches juridiques.

Une lettre de mise en demeure envoyée en 2017 par Greenpeace à la Région wallonne avait débouché sur un procès dont le verdict vient de tomber aujourd’hui. L’ONG reproche à la Région de ne pas mesurer de façon représentative la pollution de l’air, notamment en ville, ses stations fixes n’étant pas situées dans des zones à fort trafic. La juge n’a pas été sensible à l’argumentation de Greenpeace et estime que la Région remplit ses obligations européennes. 

“Ce jugement en faveur de la Région wallonne n’est sûrement pas une victoire pour les citoyens et citadins wallons qui ne savent pas ce qu’ils respirent. Nous le déplorons et nous n’en resterons pas là.”,déclare Elodie Mertz, experte en qualité de l’air et mobilité chez Greenpeace. “Dans des procès similaires dans d’autres pays ou dans celui que Greenpeace mène contre la Région flamande [1], les juges ont été très clairs : la qualité de l’air doit être mesurée et rapportée à l’Europe de façon la plus représentative possible, et pour cela, tous les outils de mesure reconnus, pas seulement les stations fixes, peuvent être utilisés.”

Les cartes officielles de modélisation de la Cellule Interrégionale de l’Environnement (IRCEL) le confirment : certains Wallons sont exposés à de dangereux niveaux de pollution. [2] Une campagne de mesure de qualité de l’air menée par Greenpeace dans plusieurs villes wallonnes en 2018 indiquait aussi des dépassements importants notamment à Namur, Liège et Charleroi.

La Commission européenne a récemment estimé que 55 % des décès prématurés dus à l’exposition aux particules et au dioxyde d’azote pourraient être évités si les États membres de l’Union européenne respectaient strictement la législation sur la qualité de l’air.

Un manque de mesures fortes pour lutter contre la pollution de l’air

En Wallonie, il existe une stratégie de mobilité régionale (la vision FAST) et un cadre officiel pour une zone de basses émissions, mais aucune mesure forte n’est annoncée ni à l’échelle de la Région ni dans les grandes villes wallonnes pour s’attaquer de front à la pollution que représente le trafic motorisé, qui impacte santé et climat.

L’enjeu est de santé publique : si la pollution de l’air est mal mesurée, elle est sous-estimée dans les chiffres tout en continuant dans les faits à endommager de façon invisible la santé des Wallons, surtout des plus faibles. Mieux cartographier la pollution de l’air n’est qu’une première étape”, recadre Elodie Mertz.Il faudra aussi un plan ambitieux de lutte contre la pollution de l’air pour réduire le trafic automobile, préparer la disparition progressive des voitures thermiques et favoriser les alternatives, notamment en renforçant les transports publics, en incitant les citoyens à une mobilité plus active et partagée.

Notes: 

[1] La région flamande est contrainte de présenter un plan relatif à la qualité de l’air ambitieux suite à une action en justice de Greenpeace.

[2] Et cette carte ne prend pas encore en compte l’impact des rues canyon, ou canyons urbains, sur la qualité de l’air en Wallonie. Il s’agit de rues plus ou moins étroites bordées de bâtiments qui empêchent la bonne circulation de l’air. Il en résulte que la pollution reste “prisonnière” et stagne. Ces rues ont prouvé être d’importants sites de pollution en Flandre, notamment.