Les activistes de Greenpeace mènent une action contre l’exploitation minière des grands fonds marins dans l’océan Pacifique. L’entreprise Global Sea Mineral Resources, filiale de la société belge DEME, y réalise des tests pour extraire les minéraux des fonds marins. Greenpeace demande au gouvernement belge de cesser son double-jeu et son soutien à l’exploitation minière en eaux profondes. Cette nouvelle industrie présente des risques énormes pour la vie sous-marine.

Global Sea Mineral Resources (GSR) effectue actuellement des tests d’exploitation minière en eaux profondes dans la zone de Clarion Clipperton, dans le Pacifique, où l’entreprise souhaite extraire des minéraux des fonds marins. 

© Marten van Dijl / Greenpeace D’autres photos et vidéos de l’action sont disponibles ici. Le matériel visuel est libre d’utilisation, à condition que les droits d’auteur soient correctement cités.

“L’exploitation minière en eaux profondes est un nouveau moteur de la destruction des océans. Les scientifiques ont déjà averti à maintes reprises que cela pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la biodiversité des océans. Nous pouvons et devons arrêter cette industrie avant qu’elle ne détruise la vie fragile des fonds marins”, explique An Lambrechts, experte Océans chez Greenpeace, depuis le Rainbow Warrior dans le Pacifique.[1]

L’exploitation minière en eaux profondes peut également avoir des conséquences majeures sur le climat. Les fonds marins n’abritent en effet pas seulement le plus vaste écosystème de notre planète, mais jouent également un rôle crucial de tampon contre le réchauffement climatique en absorbant de grandes quantités de CO2.[2]

La Belgique joue un double jeu

Le gouvernement belge n’est pas à mettre hors de cause. Notre pays se revendique comme “Blue Leader”, c’est-à-dire défenseur de la protection stricte d’au moins 30% des océans d’ici 2030. Notre gouvernement est également très actif dans l’élaboration d’un nouveau traité mondial, qui protégerait les océans contre les exploitations à grande échelle.[3]

Cependant, la Belgique soutient, en parallèle, l’exploitation industrielle des fonds marins, en sponsorisant le contrat de GSR.[4] Cette position ambiguë est inacceptable.

Notre gouvernement fait passer le gain financier avant la protection des océans. Nous demandons au gouvernement de cesser de soutenir l’exploitation minière en eaux profondes”, déclare An Lambrechts. “La décision d’exploiter les fonds marins et, de ce fait, d’endommager considérablement la vie fragile des océans est une décision politique, pour laquelle la Belgique sera finalement tenue responsable.”

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La course vers les fonds marins

Même pour BMW, Volvo, Google et Samsung, entre autres, il est clair que l’exploitation minière en eaux profondes n’a pas d’avenir. La semaine dernière, ces entreprises ont annoncé qu’elles n’utiliseraient pas de minéraux provenant des océans. Par ce geste, elles ont asséné un grand coup à l’industrie émergente de l’exploitation minière en eaux profondes.

Pourtant, la course vers les fonds marins se poursuit. L’exploitation minière en eaux profondes est dominée par une poignée d’entreprises dont le siège central se trouve dans l’hémisphère Nord. L’année passée, une enquête menée par Greenpeace révélait que, par le biais de filiales, de sous-traitants et de partenariats, ces entreprises ont pris le contrôle des contrats d’exploitation minière en eaux profondes, ce qui représente un demi-million de kilomètres carrés de la surface globale des fonds marins dans l’océan Pacifique.

GSR n’est donc pas la seule entreprise qui investit dans les fonds marins. NORI, une filiale de l’entreprise canadienne DeepGreen, effectue aussi en ce moment des tests dans la zone de Clarion Clipperton. En début de semaine, des activistes de Greenpeace ont également manifesté pacifiquement contre l’exploitation minière en eaux profondes dans la zone où cette société est active.

Notes :

[1] Etudes scientifiques sur les conséquences désastreuses de l’exploitation minière en eaux profondes (en anglais) : Miller K.A., Thompson K.F., Johnston P. and Santillo D. (2018). An Overview of Seabed Mining Including the Current State of Development, Environmental Impacts, and Knowledge Gaps. https://doi.org/10.3389/fmars.2017.00418

Cuyvers, L., W. Berry, K. Gjerde, T. Thiele and C. Wilhem (IUCN), 2017. Deep Seabed Mining. A Rising Environmental Challenge, p.51. https://gallifrey.foundation/wp-content/uploads/2018/07/DeepSeabedMining-report.pdf

Van Dover C.L., Ardron J.A., Escobar E., Gianni M., Gjerde K.M., Jaeckel A., Jones D., Levin L.A., Niner H., Pendleton L., Smith C.R., Thiele T., Turner P.J., Watling L. and Waver P.P.E. (2017). Biodiversity Loss from Deep-sea Mining. Nature Geoscience, 26 June 2017. DOI: 10.1038/ngeo2983. https://www.researchgate.net/publication/318093120_Biodiversity_loss_from_deep-sea_mining

[2] Une enquête récente a démontré qu’environ ¼ des émissions de CO² était absorbé par les océans : https://www.weforum.org/agenda/2020/10/oceans-absorb-carbon-seas-climate-change-environment-water-co2/

[3] Pour la position de la Belgique sur une convention mondiale pour la protection des océans, voir : https://www.lachambre.be/FLWB/PDF/55/1580/55K1580017.pdf

[4] Pour plus d’information sur la position de la Belgique :  https://www.greenpeace.org/belgium/fr/rapports/5765/la-belgique-face-a-un-choix-crucial-proteger-les-oceans-ou-les-sacrifier-a-ses-interets-commerciaux/ et https://www.greenpeace.org/belgium/fr/blog/19260/le-monde-sombre-de-lindustrie-miniere-en-eaux-profondes/

Info :

Des interviews en direct d’An Lambrechts, depuis le Rainbow Warrior, sont possibles. Le décalage horaire est d’environ 9h.

Les photos et vidéos de l’action peuvent être téléchargées ici. Le matériel visuel est libre d’utilisation à des fins d’information à condition que les droits d’auteur soient correctement mentionnés.