Le Parlement européen a voté en faveur d’une nouvelle proposition forte contre la déforestation qui, pour la première fois, interdirait dans nos magasins les produits liés à la déforestation et aux violations des droits humains. Les négociations entre les Etats membres, la Commission européenne et le Parlement sur la proposition vont désormais commencer. 

Une telle législation est primordiale : la forêt amazonienne brésilienne subit cette année le plus grand nombre de feux de forêt illégaux depuis 2010 et la déforestation bat également tous les records. Une dynamique est déjà en marche : selon un récent sondage, 82 % des Européens estiment que les entreprises ne devraient pas pouvoir vendre des produits liés à la déforestation, et 78 % souhaiteraient que les gouvernements interdisent ces produits. 

« Personne ne devrait avoir à s’inquiéter en faisant ses courses de la mort et de la destruction causées par certains produits dans son caddie. Le vote d’aujourd’hui est un pas en avant important pour rompre ce lien entre certains produits que nous consommons d’un côté, et à la fois la déforestation et les violations des droits humains de l’autre. Les seuls à encore pouvoir arrêter cette progression sont les gouvernements qui voudraient prendre la défense d’entreprises refusant de faire un peu de ménage dans leurs chaînes d’approvisionnement. Nous ne pouvons pas laisser faire cela », explique Philippe Verbelen, expert Forêts à Greenpeace Belgique.

Bien que les ministres de l’environnement des États membres aient fortement affaibli la proposition initiale de la Commission européenne fin juin, le Parlement européen a aujourd’hui voté une proposition de règlement plus ambitieuse. Les députés ont par exemple inclus une liste plus grande de matières premières et de produits dans la législation. En plus de l’huile de palme, du soja, du café, du chocolat, des bovins (viande et maroquinerie), et du bois, ils ont notamment inclus le caoutchouc, le maïs et d’autres viandes (volaille, porc, mouton, chèvre). Ils ont également voté pour une meilleure protection des droits des peuples autochtones. Des droits qui sont souvent violés lors de la destruction des écosystèmes. Enfin, les députés européens sont favorables à un système permettant de remonter à l’origine des marchandises afin d’identifier et d’exclure la déforestation et les violations des droits humains. 

La proposition votée par le Parlement européen n’est cependant pas parfaite. D’autres écosystèmes tels que les savanes et les zones humides sont hors du champ d’application de la nouvelle législation, bien que ces écosystèmes soient également soumis à une forte pression de la consommation de l’Union européenne. Le Parlement a toutefois approuvé une clause permettant à la Commission d’étendre la protection des forêts à tous les écosystèmes naturels dans les années à venir. 

Maintenant que le Parlement a voté, il appartient aux États membres, au Parlement et à la Commission d’élaborer un texte législatif final – en espérant qu’il sera prêt à temps pour le sommet crucial des Nations unies sur la biodiversité qui se tiendra fin 2022. 

Plus d’informations sur cette proposition de règlement contre la déforestation.