Le tourisme, l’élevage, la pêche et la coupe excessive des forêts sont les principaux moteurs de la destruction de la nature en Europe. C’est ce que révèle un nouveau rapport de Greenpeace sorti aujourd’hui, alors que la COP27 entame sa journée de la biodiversité. [1] Les pays européens, et ceux de l’UE en particulier, ont beau se présenter en modèles, ils échouent à protéger leurs écosystèmes. Les lois manquent, ou elles ne sont tout simplement pas appliquées.  

La journée qui débute à la COP27 devrait établir une nouvelle fois le lien entre crise climatique et crise de la biodiversité. Si le dérèglement climatique joue un rôle essentiel dans la perte de la biodiversité, la destruction de la nature est également un accélérateur avéré des dérèglements climatiques. La crise de la biodiversité doit donc devenir une priorité politique absolue. 

Comme l’indique le nouveau rapport de Greenpeace, l’Europe, qui se présente lors de cette COP en modèle en matière de protection de la nature, a un très mauvais bilan. “Notre industrie du bois continue à exploiter les précieuses forêts européennes qui nous protègent pourtant contre les phénomènes météorologiques extrêmes” explique Ruth-Marie Henckes, experte biodiversité chez Greenpeace Belgique. “L’agriculture intensive, la surproduction de lait et de viande, sont également à l’origine d’une pollution massive de nos écosystèmes. Nous constatons par exemple la pollution d’importantes masses d’eau en Bulgarie, au Danemark, en Allemagne et en Espagne. En Suède, en Roumanie, en Pologne et en Allemagne, la déforestation est le principal facteur de perte de biodiversité. Et en Suisse et aux Pays-Bas, les abattoirs de masse et la pollution à l’azote en provenance des méga-fermes ont un impact destructeur sur la biodiversité.” 

Des conclusions qui doivent alerter

Le rapport de Greenpeace met en exergue un grand nombre de situations très inquiétantes partout en Europe. Chez nos voisins néérlandais par exemple, seule 15% de la nature est intacte, et plus du tiers des espèces animales et végétales sont sur la liste rouge. En cause principalement, la pollution à l’azote liée à l’élevage. En Allemagne, l’exploitation forestière commerciale a considérablement réduit la couverture forestière allemande. Les hêtraies allemandes ne couvrent plus qu’environ 7 % de la superficie initiale de 91 millions d’hectares !

En Pologne, la sylviculture agressive et l’exploitation forestière illégale réduisent la forêt des Carpates, l’une des forêts les plus précieuses d’Europe, qui abrite de grands prédateurs comme les ours bruns, les lynx et les loups, de nombreuses espèces rares et menacées et environ 500 espèces de plantes vasculaires endémiques. 

Et de nombreux autres exemples inquiétants parsèment le rapport. 

En Belgique, des citoyen·nes se battent pour protéger la nature urbaine

“En Belgique, nous avons pu constater ces dernières années une destruction problématique de notre nature urbaine, qui est pourtant une de nos meilleures alliées pour lutter contre le réchauffement climatique et les phénomènes météo extrêmes” poursuit Ruth-Marie Henckes. Le chapitre consacré à la Belgique s’intéresse donc à la perte d’espace vert à Bruxelles. “Notre capitale a perdu 14% de ses espaces naturels entre 2003 et 2016. Les collectifs citoyens locaux sont les principaux protecteurs de la nature bruxelloise, menacée par les grands projets de construction. Greenpeace les soutient directement, notamment dans leur lutte pour sauver le Marais Wiels ou la Friche Josaphat, qui ne sont que deux exemples d’une longue liste d’espaces naturels menacés par des projets destructeurs.”

Prochaine étape, la COP de la biodiversité à Montréal 

La prochaine conférence des Nations Unies sur la biodiversité se tiendra du 7 au 19 décembre à Montréal. Elle devrait déboucher sur un nouveau cadre international de protection de la biodiversité pour cette décennie. Il s’agira d’une occasion unique de faire passer la protection de la nature à un niveau supérieur. Greenpeace appelle les gouvernements européens à soutenir un accord mondial comprenant des objectifs stricts et contraignants visant à protéger au moins 30% des terres et des océans d’ici 2030 au plus tard, tout en reconnaissant les droits des peuples autochtones et des communautés locales. 

Notes

[1] Failing nature – How life and biodiversity are destroyed in Europe, 2022