Le sommet des Nations unies sur la biodiversité qui s’est tenu à Cali vient de se terminer sans qu’un accord sur le financement n’ait pu être conclu. Les négociations à ce sujet ont été interrompues dans la dernière ligne droite. “Inacceptable et décevant” déplore Greenpeace. L’ONG environnementale salue en revanche la création d’un nouvel organe permanent pour les peuples indigènes et d’un nouveau fonds (le Cali fund) via lequel les géants pharmaceutiques et les entreprises de cosmétiques peuvent contribuer à la conservation de la nature.
“À Cali, les gouvernements ont présenté des plans de protection de la nature, mais n’ont pas réussi à mobiliser l’argent nécessaire pour le faire aboutir”, s’indigne An Lambrechts, qui dirigeait la délégation Greenpeace à la COP16 . “Le financement des mesures pour protéger et restaurer la biodiversité s’est retrouvé bloqué par un manque criant de volonté de la part des pays riches et à un lobbying sous-marin de nombreuses entreprises. À une semaine du début du sommet sur le climat (COP29), cette absence de décision sur le financement nuit à la confiance entre les pays du Sud et du Nord.”
Un accord a néanmoins été trouvé sur la Digital Sequence Information. Les géants pharmaceutiques et les grandes entreprises de cosmétiques pourront désormais payer pour l’utilisation de l’information génétique des plantes et des animaux.
« Les grandes sociétés pharmaceutiques et le secteur agricole n’ont heureusement pas réussi à bloquer cet accord novateur”, continue An Lambrechts. “On ne sait pas encore exactement comment le fonds fonctionnera, mais cela pourrait véritablement changer la donne. La nature est au bord de l’effondrement et il est inacceptable que les populations du monde entier continuent à payer pour cela. Par ailleurs, la création d’un nouvel organe permanent pour les communautés autochtones, qui leur permettra de participer davantage aux décisions en matière de conservation et de mieux défendre leurs intérêts, ainsi que les progrès réalisés en matière de protection des océans sont autant d’étapes importantes, obtenues au terme de longues et difficiles négociations.”
La Belgique à la COP16
La Belgique est arrivée les mains vides à Cali et n’y était même pas représentée par un ministre.
“Notre pays doit impérativement se doter d’une stratégie ambitieuse en matière de biodiversité, qui contribue au cadre mondial pour la biodiversité adopté à Montréal fin 2022, avec des objectifs mesurables”, explique Philippe Verbelen, chargé de campagne biodiversité chez Greenpeace Belgique. “Elle doit permettre d’enrayer l’appauvrissement de la biodiversité d’ici à 2030. Cela implique notamment de travailler activement à la restauration de la nature, d’augmenter la superficie de la nature protégée chez nous à 30 % d’ici 2030, de fournir des ressources financières nettement plus importantes pour la conservation de la biodiversité et un plan visant à cartographier toutes les subventions accordées par notre pays qui nuisent à la biodiversité afin de les supprimer progressivement.”