Le Parlement européen vient de se prononcer en faveur du report et de l’affaiblissement du règlement de l’UE sur la déforestation. Les partis de centre-droit se sont alliés aux partis d’extrême-droite au Parlement européen pour démanteler cette partie essentielle du Green Deal européen. Greenpeace s’indigne de ce vote qui ouvre la voie à une nouvelle année de déforestation pour les produits commercialisés sur le marché européen.
La réglementation européenne relative à la déforestation (EUDR – European Regulation on Deforestation) a été votée fin 2022. Ce règlement vise à obliger les entreprises qui commercialisent des produits tels que le bœuf, le café, le chocolat, l’huile de palme et le bois à prouver que leurs produits n’ont pas provoqué de déforestation.
Aujourd’hui, le Parlement européen a voté à une large majorité en faveur de la proposition de la Commission européenne de reporter d’un an l’entrée en vigueur de cette loi. En outre, une série d’amendements déposés par le Parti populaire européen ont été approuvés à une faible majorité. Ces amendements visent à créer une nouvelle catégorie des pays qualifiés de ‘risque zéro’.
“L’introduction de cette catégorie ‘risque zéro’ s’attaque aux fondements même de cette loi. Elle crée des lacunes et une incertitude juridique. Elle permettrait à une grande partie du commerce avec les pays présentant des risques de déforestation de rester sous le radar“, déplore Philippe Verbelen, chargé de campagne biodiversité chez Greenpeace Belgique. « Ces amendements récompenserait les entreprises et les pays qui continuent comme avant et pénaliserait directement les entreprises qui ont déjà investi pour être prêtes pour l’entrée en vigueur de l’EUDR d’ici janvier 2025.
Il est particulièrement cynique qu’un élément si important de la législation européenne dans la lutte contre la crise climatique et de la biodiversité soit détricotée alors qu’au même moment, les leaders du monde entier sont réunis à Bakou pour le sommet mondial de l’ONU sur le climat.”
Prochaines étapes
Greenpeace demande maintenant à la Commission européenne de retirer sa proposition et de procéder selon le calendrier initial pour l’application de l’EUDR à partir du 30 décembre 2024.
Si la Commission ne retire pas sa proposition, les députés devront négocier avec les gouvernements nationaux de l’UE, qui ont déjà accepté un report d’un an de l’application de l’EUDR mais sans amendements. Il reste très peu de temps pour ces négociations car l’EUDR est supposé s’appliquer à partir du 30 décembre 2024.