Greenpeace publie cette semaine une étude scientifique qui démontre comment protéger 30% des océans d’ici 2030. Elle a été réalisée en collaboration avec des scientifiques des universités de York et d’Oxford et constitue un plan en vue d’assurer la résilience des écosystèmes marins.

Whale Shark in Cenderawasih Bay. © Paul Hilton / Greenpeace

Un requin-baleine dans le Parc national du Golfe de Cenderawasih en Nouvelle-Guinée Occidentale.

Quelles menaces sur les océans?

Les écosystèmes marins de haute mer sont, à l’instar des forêts, une pompe biologique : ils captent le dioxyde de carbone en surface et le stockent dans les profondeurs. Sans ce service essentiel, notre atmosphère contiendrait 50% de CO2 en plus, et la hausse des températures rendrait la terre inhabitable.

Sauf que les océans font face à des menaces de plus en plus nombreuses et de plus en plus prégnantes. L’accumulation des impacts liés aux activités humaines, comme la surpêche, la pollution plastique, additionnée aux changements climatiques fragilisent les océans. La haute mer recèle des trésors qui aiguisent l’appétit de nombreuses industries. Étant par définition en dehors des eaux territoriales, elle ne fait l’objet d’aucune réglementation. C’est quasiment une zone de non-droit où prime la règle du premier arrivé premier servi. C’est un bien commun qui appartient à tout le monde, mais qui ne bénéficie qu’à un tout petit nombre.

La pression exercée sur les océans par les activités humaines, aggravée par les dérèglements climatiques, a entraîné le déclin de nombreux écosystèmes marins, mais il y a encore de l’espoir pour les océans.

L’opportunité d’un traité mondial sur la haute mer

Les représentant·es des gouvernements sont réuni·es aux Nations unies, à New York, pour discuter d’un traité international sur la haute mer, qui représente 61% de la surface des océans et près de la moitié de la surface du globe. Il était plus que temps de se soucier de son sort! La biodiversité y est tout aussi riche (espèces migratrices, monts sous-marins, cheminées hydrothermales…) que celles des zones côtières, et il est impératif qu’elle fasse aussi l’objet d’une protection. Ces négociations sont donc cruciales pour réguler les activités en haute mer et protéger cette biodiversité. Sans ce traité, il sera tout simplement impossible de protéger 30% des océans, comme le préconisent les scientifiques.

Le Canada est bordé par trois océans. Il a un rôle majeur à jouer dans ces réunions. C’est l’occasion pour lui de prendre un engagement concret, de faire preuve de courage politique et de vision pour faire de ce traité un texte qui sera assez ambitieux pour permettre la création d’un réseau de réserves marines couvrant minimalement 30% des océans d’ici 2030. La communauté scientifique et l’Union pour la conservation de la nature (UICN) s’accordent à dire que c’est le seuil minimum de protection si nous voulons préserver les écosystèmes marins, notamment en augmentant leur résilience. Cette protection doit permettre d’exclure de ces zones protégées les activités industrielles comme la pêche et l’exploitation minière en haute mer.

En orange, vous pouvez voir les espaces maritimes à protéger, représentatifs de la biodiversité marine. Ils couvrent 30% des océans (en volume). Les pointillés délimitent les eaux territoriales. Au-delà, c’est la haute mer.

En compilant des données et les moyens technologiques actuellement à notre disposition, notre étude a cartographié les zones océaniques à protéger. Elle montre qu’il est possible de créer un réseau de réserves marines interconnectées et représentatives de la biodiversité marine mondiale, et constitue une feuille de route pour y arriver. C’est maintenant aux responsables politiques de nous doter d’un outil juridique assez ambitieux pour permettre la mise en place de ces réserves.

« Les dirigeants mondiaux ont maintenant un outil à disposition. Il ne manque plus que la volonté politique. »

D’ici quelques jours, nous vous révélerons notre projet pour mettre en lumière les menaces qui pèsent sur ces écosystèmes précieux et donner aux océans toute l’importance et la protection qu’ils méritent. Restez à l’affût!