Luxembourg, le 15 novembre 2019 – La Banque Européenne d’Investissement (BEI) réduira le financement de nouveaux projets liés aux combustibles fossiles à partir de la fin de 2021, mais certaines infrastructures gazières continueront à être éligibles, suite à la pression de l’Allemagne, de l’Italie, de la Pologne et de la Commission européenne. Telle est la décision prise par la banque lors de l’approbation de  sa nouvelle politique de prêt dans le secteur de l’énergie au cours d’une réunion du conseil d’administration qui s’est tenue hier à Luxembourg.

Dix-neuf gouvernements de l’UE ont soutenu cette politique, dont l’Allemagne, la France et l’Italie, tandis que trois – la Pologne, la Roumanie et la Hongrie – ont voté contre, sollicitant plus de flexibilité pour le financement du gaz. Six gouvernements se sont abstenus; l’Estonie, la Lituanie, Chypre et Malte ont également revendiqué un financement plus facile du gaz, tandis que l’Autriche et le Luxembourg se sont opposés à ce que le nucléaire reste éligible à un financement.

Alors que la nouvelle politique implique que l’UE devra cesser en grande partie de soutenir le secteur du charbon et du pétrole, le maintien du financement des projets tels que les gazoducs jusqu’en 2021 et la modernisation de l’infrastructure existante de combustibles fossiles au-delà de 2021 menace les engagements de l’UE en matière de climat. L’infrastructure gazière pourrait être opérationnelle jusqu’au milieu du siècle, mettant en péril les promesses de la Commission européenne et de la plupart des gouvernements européens de réduire les émissions de l’UE à zéro d’ici 2050.

«Alors que l’urgence climatique continue de s’aggraver, l’Europe ne peut pas se permettre de gaspiller un jour ou un euro de plus en énergies fossiles. Tous financements dans les combustibles fossiles devraient être interdits, y compris les gaz fossiles. Néanmoins, la nouvelle politique de prêt de la banque en matière d’énergie envoie un signal au secteur de l’énergie et à la communauté financière mondiale indiquant que l’ère des combustibles fossiles touche à sa fin. Nous appelons les autres banques publiques et commerciales à suivre l’exemple de la BEI et à aller plus loin en mettant fin au financement des énergies fossiles immédiatement et sans exception », a déclaré Martina Holbach, chargée de campagne justice climatique et finances chez Greenpeace Luxembourg.

Le 26 juillet 2019, la BEI a publié une première ébauche de sa nouvelle politique de prêt pour l’énergie, proposant de mettre fin à tout nouveau financement pour les projets liés aux énergies fossiles après 2020. Cependant, la Commission européenne et certains gouvernements de l’UE, menés par l’Allemagne, l’Italie et la Pologne, ont plaidé avec succès pour que la banque finance plus de projets de gaz fossile et de carburants à faible teneur en carbone. De ce fait, la BEI continuera de financer des centrales électriques à combustibles fossiles émettant moins de 250 g de CO2 par kWh d’électricité produite (moyenne calculée par rapport à la durée de vie d’une centrale électrique) et des projets appelés «projets à combustible faible en carbone», tels que l’hydrogène et le biogaz. Cette faille pourrait servir de porte de sortie pour maintenir l’infrastructure gazière en activité.

Jusqu’à la fin de 2021, la BEI pourra également financer des projets d’infrastructure gazière en cours d’évaluation par la banque et d’autres projets relatifs aux combustibles fossiles qui n’ont pas encore été soumis.

Malgré la baisse rapide des coûts de l’énergie renouvelable et la forte hausse des coûts de l’énergie nucléaire, celle-ci restera éligible au financement de la BEI.

La BEI ré-examinera sa politique de prêt à l’énergie dans deux ans. Cela devrait donner à la BEI l’opportunité de combler toutes les failles encore existantes et de gagner ses références en tant que banque climatique de l’UE, a déclaré Greenpeace.

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