Rosa (nom d’emprunt) est active à Greenpeace Belgium et a participé à la dernière action du mouvement citoyen allemand Ende Gelände. Une action de désobéissance civile de grande ampleur en faveur de la justice climatique et contre l’expansion des infrastructures fossiles. Code Rouge, la nouvelle plateforme citoyenne dont Greenpeace fait partie, s’inspire de ce mouvement. Lisez son interview  et découvrez-en plus sur Ende Gelände, la désobéissance civile et Code rouge.   

Pourquoi avez-vous participé à la dernière action du mouvement citoyen Ende Gelände en Allemagne ?

Lorsque j’étais adolescente, j’étais déjà active sur le plan politique et social en tant que bénévole. D’abord au sein d’un mouvement étudiant, ensuite j’ai travaillé avec des peuples indigènes d’Amérique latine, des migrants et des personnes sans domicile. Ces choix s’expliquent par le fait que je ne supporte pas l’injustice. Surtout quand on sait qu’en Belgique, nous avons suffisamment de moyens pour permettre à tout un chacun d’avoir une vie digne. 

Je ressens également ce sentiment d’injustice lorsque je regarde la façon dont nous nous comportons actuellement avec l’environnement. Combien de temps encore allons-nous sacrifier l’environnement au nom d’un soi-disant progrès ? Notre système est orienté vers l’exploitation des personnes et de l’environnement, au profit d’une petite minorité. 

C’est pourquoi avec Greenpeace, nous organisons notamment des manifestations et des protestations, nous lançons des pétitions… mais cela ne suffit plus. Demander poliment et gentiment ne changera rien fondamentalement si nous ne faisons que cela : il est temps de revendiquer nos droits et ceux de notre planète ! Voilà pourquoi nous optons pour la désobéissance civile.

Photo: Ende Gelände

Cette approche a déjà donné des résultats concrets dans mon quartier. Le piétonnier du centre de Bruxelles avec Picnic The Streets par exemple. Ou prenez la Critical Mass, organisée par des cyclistes. Ils défilent dans les rues de Bruxelles pour attirer l’attention sur la mobilité douce et contribuent ainsi à un changement de mentalité. 

Pour moi, la désobéissance civile est synonyme de sensibilisation, libération et liberté d’expression. Outre le sentiment de solidarité et le plaisir d’y participer, ces actions présentent également une dimension plus sérieuse. Il ne faut pas oublier qu’elles sont illégales. Elles comportent donc certains risques. 

Photo: Ende Gelände

Ende Gelände, c’est quoi ? Quel est le lien avec la désobéissance civile ?

Ende Gelände est un vaste collectif de personnes issues à la fois de mouvements contre l’énergie nucléaire et le charbon en Allemagne, mais aussi de collectifs citoyens, de grandes organisations environnementales et des groupes politiques de gauche.

Le principe de la désobéissance civile consiste à enfreindre délibérément la loi, de manière non violente, dans le but de dénoncer une situation (le plus souvent) légale mais injuste. La désobéissance civile est employée uniquement après le constat de l’absence de résultat des moyens légaux. Ende Gelände utilise la désobéissance civile et l’action directe afin d’exiger des politiques climatiques et sociales à la fois globales et justes. Des organisations représentant les peuples indigènes et des mouvements venant du Sud global ont également déjà pris part aux actions du collectif citoyen. 

Les pays occidentaux portent une responsabilité importante dans la crise climatique à laquelle nous devons faire face aujourd’hui. Nous avons une responsabilité historique dans cette crise qui touche d’abord et plus durement les populations les plus fragiles. Par ailleurs, dans certains pays, s’opposer à des politiques climatiques défaillantes peut vous coûter la vie.   

Quel est l’objectif du mouvement citoyen en menant cette action ?

Cette année, l’objectif concret était d’empêcher la construction d’un nouveau terminal pour l’importation de gaz de schiste (avec la très nuisible extraction par fracturation) dans le port d’Hambourg.

Les investissements devraient être consacrés aux économies d’énergie et au développement des énergies renouvelables. Bien que la technique de la fracturation soit interdite en Europe, le gaz de schiste extrait par fracturation peut être importé. Ce n’est pas cohérent. 

La coalition citoyenne Code Rouge organisera bientôt une action similaire en Belgique. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?

Code Rouge est une coalition de citoyen·ne·s, d’étudiant·e·s, de grands-parents, d’organisations environnementales, de groupes pacifistes et d’autres encore – unis par l’urgence et la gravité de la crise climatique que nous vivons aujourd’hui.

Le climat déraille et de plus en plus de personnes ne parviennent plus à payer leurs factures d’énergie, tandis que les plus riches continuent à s’enrichir… Combien de temps allons-nous encore accepter cette injustice ? Voulons-nous vivre dans un monde où certains ne mangent pas à leur faim, tandis que d’autres possèdent une fortune, ne paient pas d’impôts et continuent à polluer ? Notre réponse est clairement « non » ! Nous ne voulons rien de moins qu’un avenir juste pour tou·te·s.

Pourquoi est-il important de participer à Code Rouge ?

Parce que cela fait du bien d’agir pour un avenir juste. Cela fait du bien de s’exprimer pour une bonne cause. Il est également très important de participer à Code Rouge car ce genre d’action fonctionne ! Si nous continuons à agir avec détermination avec un maximum de personnes, nous pouvons et nous allons créer des changements. Mais je le redis encore : une action de désobéissance civile est un choix et n’est pas sans risque. Notamment des risques de répression policière. Si certain·e·s ne se sentent pas à l’aise avec cela, il existe d’autres moyens de soutenir l’action.

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