La taxe zonale de Bruxelles déchaîne les passions : ce serait un retour au Moyen-Âge ou un sale coup pour les navetteurs. La question de la facture est presque toujours centrale dans ces discussions. Mais ce qui l’est beaucoup moins c’est que les habitants de Bruxelles et les visiteurs de notre capitale respireraient un air plus sain.
L’année dernière, le gouvernement bruxellois a déjà annoncé une taxe kilométrique intelligente. En consultation avec les autres Régions si possible, seul si nécessaire. Aujourd’hui, la Région de Bruxelles-Capitale déploie ses projets : une taxe zonale, appelée péage urbain dans les médias pour des raisons de commodité. Une fois de plus, cela provoque un tollé.
Le débat public continue à tourner autour du prix de revient et de la manière dont la facture serait transmise aux navetteurs en particulier. Le fait que la société dans son ensemble paie actuellement pour tous les déplacements en voiture reste largement sous-exposé. Chaque kilomètre parcouru en voiture dans la ville nous coûte à tous sous forme de pollution environnementale, d’accidents et d’embouteillages . D’après une étude de la European Public Health Alliance, les dépenses directes et indirectes liées à la pollution de l’air ont coûté 1,6 milliards d’euros aux Bruxellois en 2018.
Air pur et sécurité du trafic
Dans la discussion sur le péage urbain, les gens semblent oublier encore et encore pourquoi nous devrions enfin faire quelque chose pour réduire la pression automobile dans nos villes. La ville doit devenir plus vivable et plus attrayante, avec plus d’espace pour les piétons et les cyclistes. L’ambition climatique doit aussi être considérablement accrue, mais les émissions du transport routier continuent d’augmenter et de contribuer à la crise climatique. Nos enfants doivent pouvoir respirer et jouer dehors. Le nombre de morts sur les routes doit être réduit de manière drastique.
En même temps, nous constatons que toute initiative dans ce sens se heurte à un flux permanent de voitures qui, comme l’eau, remplit tout l’espace disponible dans la ville. Faire de la place pour les pistes cyclables ? Certainement, mais ne touchez pas aux voies de circulation ni aux places de parking. Créer des zones piétonnes ? Bien sûr, mais cela ne devrait pas entraîner de trafic dans les rues avoisinantes. Rendre l’environnement scolaire sûr et sain ? Bien sûr, mais où devons-nous nous garer ?
Pendant le confinement, au printemps, nous avons pu respirer à nouveau. Ensuite, lors du premier déconfinement, le trafic motorisé est revenu, et petit à petit de façon plus importante encore qu’avant le mois de mars. Faire quelque chose contre la pression des voitures à long terme, tel doit être l’objectif d’un prélèvement zonal. Le fait que les voitures lourdes et grandes paient plus cher est logique. Ces véhicules prennent plus de place, augmentent le risque de blessures graves et mortelles dans les collisions avec les cyclistes et les piétons, et émettent plus d’émissions. Une taxe de zone fonctionne, Stockholm l’a montré : le trafic motorisé y a diminué de 30 % après l’introduction d’une taxe.
La Région urbaine qui mise sur l’avenir
Le débat sur une taxe zonale à Bruxelles intensifie le contraste entre la ville et ses environs. Toutefois, dans cette proposition, le citoyen bruxellois devra également payer pour ses kilomètres parcourus. Cela semble – du moins dans les autres Régions – n’être qu’un détail, mais ce n’en est pas un. Bruxellois et navetteurs doivent travailler à une mobilité différente dans cette ville-Région. Bruxelles prend l’initiative dans ce domaine. Le reste suivra-t-il ?
Ou bien continuons-nous de dire qu’il n’y a pas d’alternative sans organiser des transports publics efficaces vers Bruxelles ? Ne cesse-t-on de dire qu’il faut étendre le réseau cyclable sans sacrifier les voies de circulation à Bruxelles ? Continuerons-nous à promouvoir les park&rides partout, sans les construire réellement aux endroits importants et de façon réfléchie ?
Il est dans l’intérêt du public de préparer notre capitale pour l’avenir, avec moins d’embouteillages à Bruxelles et dans la périphérie. Il est trop facile de considérer la taxe zonale de Bruxelles comme une attaque contre les navetteurs. La Flandre, Bruxelles et la Wallonie peuvent atteindre tous les habitants et utilisateurs de la région métropolitaine de Bruxelles grâce à des transports publics, des parcs relais et des infrastructures cyclables efficaces. Ils multiplient ainsi l’impact positif de la taxe zonale sur l’environnement, la santé et l’économie pour tous.
Version raccourcie d’un texte signé par : Joeri Thijs et Elodie Mertz (Greenpeace Belgique), Tim Cassiers (BRAL, mouvement urbain pour Bruxelles), Annekatrien Verdickt (Filter Café Filtré), Bass De Geus (VUB – MFYS & MOBI) et Ben François (Bruxsel’air)
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