Vous chauffez votre maison avec du gaz écologique, du gaz compensé ou du gaz neutre pour le climat ? Depuis peu, des fournisseurs d’énergie tels que Mega, Luminus et Essent l’ont rendu possible. Hélas, si les termes utilisés sonnent agréablement à l’oreille, ils ne sont qu’une diversion par rapport aux vraies solutions. Peut-être avez-vous aussi entendu parler du biogaz ou du gaz vert ? Malheureusement, ce n’est pas non plus une solution miracle. Il est temps de dégonfler cette baudruche verte !
Le gaz neutre pour le climat, l’écogaz, le gaz compensé… ne sont en fait que du gaz naturel. C’est un combustible fossile extrait des nappes gazières qui émet une quantité importante de CO2 lorsqu’il est brûlé. En outre, l’extraction et le transport laissent s’échapper du méthane, un gaz à effet de serre qui est à court terme 80 fois plus puissant que le CO2. Pourtant, les fournisseurs d’énergie veulent stimuler la vente de gaz fossile et attirer de nouveaux clients en lui donnant un nom écologique. Pour pouvoir qualifier le gaz fossile de « neutre sur le plan climatique », ils compensent les émissions libérées lors de la combustion du gaz par l’achat de certificats de CO2. Ceux-ci doivent prouver que des mesures d’économie de CO2 sont prises ou que des arbres sont plantés pour compenser ces émissions.
Une nouvelle forêt, ça sonne bien, non ?
Afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, il faut réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre et éliminer le CO2 de l’atmosphère dans les prochaines décennies. Une augmentation de la superficie des forêts est donc certainement une bonne nouvelle. Toutefois, compenser les émissions sans les réduire de manière drastique ne nous met pas sur la voie d’un avenir climatiquement neutre et nous éloigne de ce qui doit vraiment être fait. En premier lieu, la consommation de gaz doit diminuer de manière significative. Ensuite, il faut créer des espaces naturels supplémentaires capables d’absorber le CO2 de l’air.
Compenser nos émissions par des certificats de CO2 est en réalité un pari dangereux pour l’avenir. Les émissions de CO2 provenant de la combustion de combustibles fossiles sont réelles et se produisent maintenant, alors qu’il faut des décennies pour qu’une forêt nouvellement plantée puisse les compenser. Les incendies de forêt, les sécheresses prolongées, les dommages causés par l’exploitation forestière illégale peuvent causer de grands dégâts à la forêt ou la détruire complètement, réduisant ainsi à néant la compensation du CO2.
La compensation d’émissions de CO2 peut sembler intéressante, mais malheureusement, ce n’est pas une solution durable contribuant à un avenir neutre sur le plan climatique.
Le gaz vert est-il alors une bonne solution ?
Le biogaz se rajoute à l’écogaz, au gaz neutre pour le climat et au gaz compensé. Il s’agit d’un combustible renouvelable produit par la fermentation de flux de déchets organiques tels que les boues d’épuration et les déchets ménagers biodégradables. Le biogaz peut être brûlé dans une unité de cogénération qui produit à la fois de l’électricité et de la chaleur, ou il peut être converti par épuration en biométhane, qui est à peu près de la même qualité que le gaz fossil. Ce biométhane peut être injecté dans le réseau de gaz et est donc également appelé gaz vert.
Le gaz vert provenant des flux de déchets peut être un bon complément à l’énergie solaire et éolienne et peut jouer un rôle important dans les secteurs difficiles à décarboner. Malheureusement, le potentiel du gaz vert provenant des flux de déchets en Belgique est très limité : on estime qu’il ne représente pas plus de 9 % de la demande totale de gaz. Augmenter la production de gaz vert en cultivant des plantes spécifiques n’est pas une bonne idée non plus. En effet, cette technique mobilise une très grande partie des terres agricoles disponibles.
Le faible potentiel du biométhane montre clairement qu’un passage massif au gaz vert pour le chauffage et le transport n’est pas une option réaliste. Après celle du charbon et du pétrole, la demande de gaz devra donc également être réduite au minimum.
Que pouvez-vous faire ?
Réduire votre consommation de gaz est la mesure la plus importante que vous puissiez prendre chez vous. En baissant le thermostat d’un degré, vous pouvez déjà réaliser une économie de 7 % en moyenne. Si vous pouvez investir davantage, le mieux est de donner priorité à l’isolation de votre maison : l’isolation du toit ou du plancher des combles et des murs extérieurs, ainsi que les vitrages à haut rendement énergétique assurent une forte réduction de votre consommation d’énergie et une température plus agréable dans votre foyer.
Si vous installez un nouveau système de chauffage, nous vous déconseillons vivement d’installer une nouvelle chaudière à gaz. Même une chaudière à haut rendement est une technologie dépassée qui vous rend dépendant des combustibles fossiles pendant des années. Le choix le plus durable et le plus orienté vers l’avenir que vous puissiez faire est d’investir dans un chauffage par pompe à chaleur. Avec un peu de chance, il se peut même qu’un réseau de chaleur soit prévu près de chez vous.
L’eau chaude domestique consomme également beaucoup d’énergie. Une pomme de douche économique est un petit investissement qui vous permettra de réaliser des économies importantes sur votre facture de gaz et d’eau. Si vous devez remplacer votre boiler électrique ou à gaz, optez de préférence pour un boiler à pompe à chaleur.
Pour plus d’informations à ce sujet, vous pouvez consulter les sites Internet des gouvernements flamand, wallon ou bruxellois.
En conclusion : un passage au gaz vert n’est hélas pas possible, mais heureusement le passage à une véritable électricité verte l’est. Consultez notre classement des fournisseurs d’énergie, optez pour un fournisseur ayant un bon score et passez dès maintenant à l’électricité verte.
Profitez-en pour passer à l’électricité verte !Je soutiens Greenpeace
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