Comment une forêt tropicale peut-elle partir en fumée ? Cela peut sembler contre-intuitif pour une forêt tropicale humide, mais la forêt amazonienne au Brésil a connu de nombreux feux de forêt cette année. Poumon vert et berceau de la biodiversité, la forêt amazonienne joue un rôle primordial pour notre planète. 

La forêt tropicale en passe de devenir une savane ?

Au cours des six premiers mois de cette année, une superficie équivalente à la province de Liège a été déboisée dans la forêt tropicale brésilienne. Cela représente 3988 km2 de forêt tropicale d’une valeur inestimable. L’exploitation forestière dans la forêt amazonienne brésilienne représente un tiers de la déforestation totale dans le monde. De plus, 2562 feux sont à déplorer cette année dans la forêt amazonienne brésilienne. Ces tristes chiffres font d’ores et déjà de l’année 2022, une année record. C’est la plus mauvaise année que connaît la forêt tropicale depuis 2017 en ce qui concerne la déforestation et les feux de forêt.

Ces feux de forêt sont très différents de ceux que nous avons observés en Europe cet été car ils ne se produisent généralement pas dans des zones humides telles que les forêts tropicales. 73 % de ces feux sont provoqués dans le but de créer des espaces pour le bétail et l’agriculture (notamment le soja). C’est un bien sombre tableau. À l’heure actuelle, la déforestation touche 17 % de la forêt amazonienne brésilienne. Si ces chiffres devaient atteindre 20 à 25 %, la forêt tropicale risquerait de se muer en un écosystème beaucoup plus sec, ressemblant davantage à une savane.

La lutte des peuples indigènes

Ce scénario serait catastrophique à bien des égards. Avant tout pour les peuples indigènes qui dépendent de la forêt tropicale. Si, à l’origine, l’ensemble du Brésil était habité par des populations indigènes, après des centaines d’années d’oppression et de violence, ces dernières n’occupent plus que 13 % du pays. Cependant, les territoires indigènes subissent dans une moindre mesure la déforestation et jouissent d’une bien meilleure protection. Les peuples indigènes et leurs connaissances approfondies sur l’utilisation durable de la forêt tropicale sont donc précieux pour la protéger. 

Mais protéger la forêt tropicale peut hélas être fatal pour celui qui la protège. Au mois de juin 2022, l’indigène Bruno Pereira et le journaliste anglais Dom Phillips ont été tués pour leur activisme. Malheureusement, ce type d’événement n’est pas rare depuis l’élection du président Bolsonaro, qui ferme les yeux sur la déforestation. Lors de sa campagne, il promettait de confisquer toutes les terres indigènes et, durant son mandat, ses propos à l’égard des peuples indigènes sont toujours hostiles.

Une catastrophe pour le climat et la biodiversité

Les chiffres relatifs aux feux de forêt et à la déforestation ont également explosé depuis que Bolsonaro est devenu président. Lors de ses trois premières années à la tête du pays, ces chiffres ont augmenté de plus de 50 % en moyenne. Une autre étude comparative a démontré une augmentation de 218 % des feux de forêt en 2021 par rapport à 2018, année d’arrivée au pouvoir de Bolsonaro. Cela rend l’objectif d’un réchauffement de 1,5° maximum encore plus illusoire, car la forêt amazonienne constitue un frein essentiel contre le réchauffement climatique en stockant le CO2. Qui plus est, en raison de la dégradation des forêts et des feux qui la détruisent, la forêt tropicale émet davantage de CO2 qu’elle n’en stocke. 

Par ailleurs, la forêt tropicale brésilienne abrite une précieuse biodiversité, qui représente pas moins de 10 % de la biodiversité de la planète, avec plus d’un millier d’espèces d’oiseaux, 85 % de toutes les espèces de poissons présentes en Amérique latine, 30 000 espèces végétales et 2500 espèces d’arbres. 180 d’entre elles risquent de disparaître dans un avenir proche, surtout si la tolérance à l’égard des feux de forêt persiste.

Que pouvons-nous faire pour protéger la forêt tropicale ?

Les élections d’octobre prochain sont cruciales pour le sort de la forêt amazonienne au Brésil. Bolsonaro restera-t-il au pouvoir ou le Brésil choisira-t-il un dirigeant prêt à protéger la forêt ?

Greenpeace agit pour la protection de la forêt tropicale et tous ceux qui y vivent, en surveillant notamment l’exploitation forestière illégale, en soutenant la lutte des communautés locales, en enquêtant sur les causes des feux de forêt et en faisant pression sur les autorités brésiliennes.

Nous pouvons également agir ici, en Belgique. La déforestation de la forêt amazonienne n’est pas sans lien avec le contenu de nos assiettes. Le bétail en Belgique est notamment nourri avec du soja brésilien. Le Parlement européen se réunit d’ailleurs à la mi-septembre pour voter une loi interdisant la déforestation importée.

Faites un don et soutenez Greenpeace Belgique dans sa lutte contre la déforestation.

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