C’est une victoire très importante qui vient d’être remportée pour la protection des forêts au Canada. Le gouvernement de Colombie-Britannique et les autorités d’une vingtaine de communautés autochtones viennent d’adopter un accord pour protéger l’une des plus grandes forêts tempérées du monde : la forêt du Grand Ours. Un précédent qui pourrait s’étendre dans le reste du pays, et qui vient couronner des années de campagne.
Un sanctuaire forestier
La forêt humide du Grand Ours s’étend sur plus de trois millions d’hectares, soit environ la taille de la Belgique, de la côté sud de la province de Colombie-Britannique jusqu’à l’Alaska, vers le nord. Elle abrite des arbres millénaires ainsi qu’une biodiversité exceptionnelle.
L’accord prévoit de sanctuariser 85% de ce vaste territoire forestier, ce qui signifie tenir toute exploitation forestière à distance. Quant aux 15% restants, soit 550 000 hectares, ils seront soumis aux normes les plus strictes en Amérique du Nord en matière d’exploitation forestière commerciale. Cette réglementation permettrait d’éviter le rejet d’environ 640 000 tonnes de carbone dans l’atmosphère par an.
Le texte permet en outre d’assurer la protection de l’ours Kermode, une espèce rare d’ursidé noir dont plusieurs individus sont à fourrure blanche, endémique à cette forêt.
Victoire pour les Premières Nations
Cet accord est surtout une grande avancée en faveur des droits des peuples autochtones, dont les moyens de subsistance dépendent de la forêt. Pour la première fois, l’Etat comme le secteur industriel se placent dans une perspective de collaboration avec ces communautés – une manière d’intégrer ces entités politiques ancestrales dans l’économie canadienne, tout en préservant durablement leur mode de vie.
Le ministre des Forêts, des Terres et des Ressources naturelles Steve Thomson, a rappelé que cet accord devait se traduire par des mesures concrètes “dès que possible”. Il pourrait servir de modèle pour résoudre d’autres conflits forestiers au Canada, comme la forêt boréale au Québec et en Ontario.
Des années de campagne
Il y a 20 ans environ, un vaste mouvement pour la préservation des forêts canadiennes démarrait. Baptisé “guerre des bois”, il annonçait des années d’actions militantes (boycotts, blocages, opposition aux coupes à blanc, etc.). Ce sont alors des contrats de plusieurs millions de dollars qui sont tombés à l’eau, sanctionnant les compagnies forestières qui comptaient piller les terres des populations autochtones.
Des négociations réunissant ONG, secteur industriel et peuples autochtones voient le jour au début des années 2000 pour tenter de débloquer une situation très tendue. Ce processus se conclut aujourd’hui avec la mise en œuvre d’une politique d’exploitation nommée “Gestion basée sur l’écosystème”, à la base de l’accord trouvé pour la forêt du Grand Ours.
Une victoire encourageante qui démontre que les efforts de Greenpeace pour sauvegarder l’environnement se combinent parfaitement avec la défense des communautés autochtones. Une piste pour l’avenir.