Justice climatique = justice sociale

Au cours des dernières années, les tentatives de combler le fossé entre le mouvement climatique et les groupes luttant pour la justice sociale se sont multipliées. Sous l’influence de mouvements de justice sociale comme Black Lives Matter et #metoo, la prise de conscience se fait dans nos mouvements qu’aucun mouvement ne peut atteindre ses objectifs finaux s’il ne pense pas et n’agit pas de manière intersectionnelle.

Ce n’est ni facile ni évident. Cela nécessite d’apprendre, de s’adapter, d’avoir des conversations inconfortables avec sa famille, ses collègues, ses camarades militant.e.s et ses ami.e.s et de faire des changements dans la façon dont nous nous organisons.

Il faut passer de la parole aux actes.

Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut du temps et un soutien mutuel à long terme pour établir la confiance. L’objectif final n’est pas la solidarité, mais la co-libération. Car personne ne peut être vraiment libre si tout le monde ne l’est pas.

Migration climatique

Alors que le Nord de la planète est responsable de 92% des émissions dépassant la limite planétaire (2020, J Hickel, The Lancet Planetary Health), c’est dans l’hémisphère Sud que la crise climatique et écologique frappe le plus durement, et ce depuis longtemps. Les terres deviennent inhabitables, les ressources se raréfient, les modes de vie sont menacés ou détruits, des conflits apparaissent. Cela oblige les gens à migrer et cela continuera à le faire de plus en plus au cours des prochaines décennies. Selon l’ONU, jusqu’à un milliard de personnes pourraient être contraintes de migrer en raison du changement climatique d’ici 2050. Qu’est-ce qu’on fait?

Les Européen.ne.s ont tendance à renier les méthodes de l’ex-président Trump, lorsqu’il criait « construisez ce mur » pour empêcher les réfugié.e.s d’entrer. Cependant, l’Europe fait exactement la même chose, en utilisant la mer Méditerranée comme une séparation naturelle de l’Asie et de l’Afrique. Comme si cela ne suffisait pas, les pays européens dépensent des centaines de milliards d’euros dans la sécurité des frontières de haute technologie sous forme de murs, de drones, de canons à sons, de capteurs, de systèmes d’IA pour reconnaître les réfugié.e.s et de gardes de sécurité pour littéralement chasser les réfugié.e.s…

 Les conséquences de l’histoire Européenne coloniale et sanglante, de destruction, de pillage et de domination forment l’une des raisons (si ce n’est la plus) cruciales du « besoin » actuel d’une frontière méditerranéenne. Une frontière qui a fait mourir plus de 23.000 êtres humains depuis 2014 en tentant de rejoindre l’Europe (data2.unhcr.org). Et nous ne comptons même pas les personnes n’ayant pas survécu au voyage tout aussi dangereux à travers le Sahara, faute de données.

Exploitation – insécurité – inhumanité

Pour celleux qui y parviennent, atteindre l’Europe n’est pas la fin de la souffrance. Le processus de reconnaissance de la citoyenneté d’un pays s’apparente souvent à un jeu de loterie. En Belgique, la loi stipule qu’une régularisation ne peut avoir lieu que dans des « circonstances extraordinaires ». Il n’existe pas de critères clairs sur ce que cela signifie.

Il en résulte que les gens sont piégés dans des procédures sans fin. Privées de leur dignité humaine et de leur droit au travail, elles sont poussées vers le travail sans papiers, ce qui signifie qu’elles ne bénéficient pas de la sécurité sociale et qu’elles travaillent pour des salaires extrêmement bas dans de mauvaises conditions.

Cela crée des tensions dans la société: le système crée une concurrence déloyale entre les sans-papiers et la classe ouvrière avec papiers, ce qui donne lieu à des insultes d’extrême droite et à un racisme indiquant que:

« Ils prennent nos emplois » et « Ils travaillent illégalement ».

La régularisation pourrait transformer le récit en:

« La Belgique gagne 65 millions d’euros nets par mois (ACV Bruxelles) en cotisations de sécurité sociale, grâce à la régularisation de 100.000 personnes sans papiers. »

Et nous ne parlons même pas des montants énormes que nous économiserions sur les prisons, les systèmes bureaucratiques de chasse aux migrants et la surveillance de masse.

L’invasion russe en Ukraine et la façon dont l’Europe a traité les réfugié.e.s ukrainien.ne.s ont montré qu’une autre voie est possible. Nous devons cesser de discriminer les réfugié.e.s et les migrant.e.s en fonction de leur origine, de la couleur de leur peau et de leurs antécédents culturels ou religieux. Nous devons avoir des critères de régularisation équitables pour toustes.

C’est une question de dignité humaine, mais aussi beaucoup plus que cela. Si nous voulons un jour faire face à la crise climatique et écologique, nous devons être capables d’entendre celleux qui sont (et ont été) les plus touché.e.s. L’extrême-droite monte à nouveau en Europe. Elle ne s’est jamais préoccupée de la crise climatique et écologique et a toujours capitalisé sur les sentiments anti-immigrés. Si nous ne commençons pas à traiter humainement celleux qui sont contraint.e.s de fuir les catastrophes (écologiques), nous ouvrons la voie à l’écofascisme.

Participez à l’histoire!

Nous pouvons empêcher que cela se produise. Les différents collectifs de sans-papiers se sont unis derrière IN MY NAME: une proposition de loi civile, et une opportunité qui ne se présente qu’une fois par génération. Elle plaide pour des critères de régularisation clairs et humains.

La politique a ignoré d’innombrables protestations, occupations et même une grève de la faim de 60 jours l’été dernier. Si nous parvenons à rassembler 25.000 signatures, ils seront obligés – par la loi – d’écouter et de discuter.

S’il vous plaît, soutenez In My Name, diffusez le message au sein de votre organisation, parmi vos collègues activistes, vos ami.e.s et votre famille et sachez que nous pouvons changer le monde si nous agissons ensemble: www.inmyname.be

Email: [email protected]

Youth for Climate – Extinction Rebellion – Greenpeace