Si le covid-19 nous montre à quel point il est essentiel de préserver le monde, n’oublions pas que cela doit inclure aussi le monde invisible, méconnu, comme les profondeurs de l’océan, peuplées de créatures magiques. Or, au moment où nous écrivons ces lignes, des discussions sont en cours pour y développer ce que l’on appelle l’exploitation minière des grands fonds marins. Et la Belgique y participe. On n’est pas d’accord !
L’exploitation minière des grands fonds marins, c’est quoi?
L’objectif de l’exploitation minière en haute mer consiste à extraire, à des profondeurs pouvant aller jusqu’à 6.000 mètres, des minéraux. Des machines gigantesques, pesant plus qu’une baleine bleue (le plus grand animal au monde), descendront au fond de l’océan, y prélèveront les matières intéressantes et les achemineront ensuite via des tuyaux de plusieurs kilomètres jusqu’à un navire pour les transporter.
Parmi les matériaux convoités, citons le nickel, le cuivre, le cobalt, le manganèse, le zinc, l’argent et l’or. Ces matériaux sont utilisés dans des produits électroniques tels que les smartphones et les ordinateurs, ainsi que pour le stockage de l’énergie dans des batteries utilisées dans des appareils allant des smartphones aux véhicules électriques.
Cette activité destructrice pour les grands fonds marins et les créatures qu’ils abritent n’a pas encore démarré dans les eaux internationales mais elle pourrait commencer dans les 5 à 10 prochaines années. Greenpeace avait déjà attiré l’attention sur cette problématique en juillet dernier, lors de son expédition à Lost City, dans l’Atlantique.
Quelle est la position de la Belgique?
Notre pays parraine, depuis 2013, la filiale GSR (Global Sea Mineral Resources) de l’entreprise DEME qui a obtenu un contrat pour l’exploration minière des grands fonds marins dans une zone de l’océan Pacifique. Cette zone, qui fait 2,5 fois la taille de la Belgique (quand même !), fait partie d’un écosystème fragile et unique pour lequel les connaissances scientifiques sont encore limitées. L’objectif est de prélever notamment des nodules de manganèse qui contiennent des minéraux précieux comme le cuivre, le cobalt et le nickel.
Notre pays ne devrait-il pas plutôt appliquer le principe de précaution et cesser de parrainer les activités de DEME ? Et comment se fait-il qu’il se prononce en faveur de cette activité destructrice alors que d’un autre côté, il soutient, comme plus de trois millions de citoyens à travers le monde, un traité mondial pour la protection des océans, devant ouvrir la voie à la création d’un réseau de réserves marines couvrant au moins 30% des océans d’ici 2030 ?
Pourquoi les grands fonds marins sont-ils importants pour notre écosystème?
D’abord, parce qu’ils offrent des réponses aux problèmes biomédicaux tels que le Covid-19 et qu’ils sont essentiels dans la lutte contre le changement climatique. Les océans captent en effet un incroyable stock de carbone qui pourrait être libéré par les activités des machines, aggravant le changement climatique.
Mais aussi, parce qu’ils abritent une extraordinaire biodiversité. Les animaux des grands fonds marins déjà répertoriés sont parfaitement adaptés aux conditions extrêmes de leur environnement et ressemblent un peu à des extraterrestres. On y trouve des créatures inimaginables et exceptionnellement étranges, telles que des “vers zombies” découverts en 2002 et des anémones transparentes qui peuvent dévorer des vers jusqu’à six fois leur propre poids. Que se passera-t-il lorsque les grosses machines passeront par là ?
Mais qui sait quelle autre vie se cache dans les ténèbres des profondeurs ? Aujourd’hui, nous n’avons exploré que 0,0001% du fond de la mer profonde. Il reste encore beaucoup à apprendre sur les écosystèmes locaux et les animaux qui les habitent. En ouvrant le plus grand écosystème du monde à l’industrie, il est possible que des espèces et des écosystèmes non découverts disparaissent à jamais.
Nous ne devons pas laisser cette industrie dangereuse mettre la main sur nos fonds marins. Voulez-vous également soutenir cette campagne ? Aidez-nous. Il y a urgence. La Belgique doit cesser de sponsoriser l’exploitation minière des fonds marins et se positionner en faveur d’un moratoire sur cette activité. Nos membres du parlement vont débattre à la chambre à propos d’une résolution allant dans ce sens. Demandez-leur de soutenir nos exigences !
J’interpelle les membres de la commission Energie, Environnement et ClimatYouTube |