Jusqu’à la toute dernière minute, la COP26 a été marquée par un bras de fer acharné entre partisans et adversaires de plus d’ambition et de solidarité. Bien qu’il soit très faible, l’accord final reconnaît enfin la responsabilité des énergies fossiles dans la crise climatique. Un vent d’espoir a également soufflé sur Glasgow, grâce à une ‘jeunesse climatique’ plus mobilisée que jamais.

© Emily Macinnes / Greenpeace

Un résultat décevant, une Belgique indigne

Commençons par les mauvaises nouvelles. Le résultat de la COP26 n’est pas à la hauteur des attentes, loin de là. Avant le sommet, nous avions émis 4 demandes. Elles n’ont été satisfaites que (très) partiellement. Le texte final évoque certes la nécessité de réduire drastiquement les émissions au cours de cette décennie. Mais les décisions majeures ont été remises à l’année prochaine. Le tabou des énergies fossiles a été levé puisque pour la première fois, elles ont été mentionnées directement. Mais cette partie du texte a été considérablement affaiblie en dernière minute, sous la pression de l’Inde et la Chine. Il est finalement simplement question d’une sortie progressive du charbon et des subsides aux énergies fossiles. 

Le marché des compensations carbone a par ailleurs pris de l’ampleur à Glasgow, offrant des nouveaux échappatoires aux plus gros pollueurs. 

Sous la pression du lobby fossile, la sortie de l’ère des énergies fossiles, pourtant indispensable, est donc une fois de plus postposée. 

La Belgique a quant à elle livré un travail indigne à Glasgow. “Nous avons rencontré le premier ministre belge dès son arrivée”, nous expliquait Carine Thibaut, notre représentante à Glasgow. “Nous voulions qu’il sache que la Belgique a besoin d’une direction claire, de parler d’une seule voix. Notre pays est en effet trop souvent muet ou absent de la scène internationale en raison de ses désaccords internes. Nous sommes un des pires élèves européens ! Nous n’avons en effet même pas jugé bon d’intégrer une coalition de pays ayant la plus haute ambition climatique, à savoir limiter le réchauffement à 1,5 degré. C’est une honte !“

Un signal clair a malgré tout été envoyé à Glasgow. Après deux années de pandémie mondiale, marquées par des catastrophes climatiques à répétition (vagues de chaleur, sécheresses, feux de forêts, fonte des glaces, inondations…), il semble que certaines nations aient enfin pris la mesure de l’urgence. Le texte final reconnaît en outre que de nombreux pays vulnérables subissent déjà aujourd’hui les conséquences dramatiques de la crise climatique, et qu’une transition juste est indispensable. Il faut cependant aller beaucoup plus loin. Des pays riches comme la Belgique, en leur qualité de pollueurs historiques, doivent prendre leur responsabilité dans cette crise et faire preuve d’une vraie solidarité.   

People power

La note la plus encourageante de ce sommet vient sans aucun doute de la jeunesse et du leadership qu’elle a incarné. Les résultats engrangés à Glasgow sont le seul fait de son combat et de celui des dirigeant.e.s indigènes, des militant.e.s et des pays en première ligne du front climatique. Des concessions leur ont été accordées à contrecœur. Sans leurs actions et leurs appels sincères à plus d’ambitions, ce sommet aurait été un échec total.

Nous devons les écouter, car le délai qu’il nous reste pour agir est compté. Les nombreuses marches pour le climat organisées dans le monde entier ces dernières semaines ont exercé une pression supplémentaire. Elle s’est traduite dans de nombreux pays par une plus grande ambition en matière d’énergies renouvelables et de réduction des émissions. Les mobilisations citoyennes fonctionnent! Mais si nous voulons combler le fossé qui nous sépare de l’objectif de 1,5°C, nous devons encore monter en puissance, et exiger que les énergies fossiles, leurs subventions et leurs publicités soient bannies de nos sociétés. 

© Emily Macinnes / Greenpeace

Ensemble, pour un monde sans énergies fossiles

Le combat que nous menons avec vous pour un futur équitable et durable ne sera pas facile. Même si la science est limpide sur la responsabilité de l’industrie des énergies fossiles, celle-ci était massivement présente à Glasgow. Les recherches ont même démontré que le nombre de lobbyistes du secteur des énergies fossiles était plus important que la plus grande délégation nationale ! Imaginez, c’est un peu comme si un sommet destiné à combattre les méfaits de la cigarette invitait l’industrie du tabac …

C’est d’autant plus ironique que de nombreux pays et groupes vulnérables n’ont, eux, pas pu faire le déplacement, en raison de frais de voyage trop élevés ou d’un accès limité au vaccin contre la Covid. Les membres africains de Greenpeace ont ainsi dû suivre le sommet par écran interposé. Quatre jeunes militants de Namibie, d’Ouganda, du Mexique et du Bangladesh ont donc navigué avec le Rainbow Warrior (et « notre » bénévole Audrey) jusque devant la COP, pour dénoncer cette situation injuste.« Il est ridicule de penser que les négociations climatiques peuvent avoir lieu sans impliquer les personnes les plus touchées. Nous avons été ignorés pendant trop longtemps. »

Heureusement, nous ne sommes pas impuissants face aux intérêts de l’industrie fossile et à sa présence constante dans notre économie, notre vie quotidienne et nos rues. Nous avons le pouvoir de leur dire stop. 

Soutenez notre appel à mettre fin à la publicité pour les énergies fossiles et aidez-nous à faire tomber un pilier majeur du système fossile.

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