Quelques jours seulement après le sommet des Nations Unies sur la biodiversité, la ‘COP climat’ se déroulera du 11 au 22 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. Quels sont les enjeux de ce 29ème sommet mondial du climat ? Qu’en attend Greenpeace ?

Marche climat des étudiant·es à Prague en 2019. © Petr Zewlakk Vrabec / Greenpeace

Cette année les discussions devraient surtout se concentrer sur la grande question de la finance climat. Depuis l’accord de Paris en 2015 à la COP21, il a été acté que les pays développés, dits du Nord Global, contribuent financièrement aux actions climatiques des pays du Sud Global. Ces pays, de par leurs émissions, sont historiquement moins responsables de la crise climatique. La finance climat doit leur permettre de réaliser les investissement nécessaires pour atténuer le réchauffement climatique (diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre), s’adapter à ses conséquences, mais aussi à réparer les pertes et les dommages qu’ils ont déjà subis à cause des effets de la crise climatique : inondations, sécheresses et autres évènements climatiques extrêmes.

En 2019, ce principe de finance climat s’est traduit par en engagement précis des pays du Nord de contribuer à hauteur de 100 milliards de dollars par an à la finance climat. 

Cet accord arrive à son terme et un nouvel objectif  – ou New Collectif Quantified Goal, NCQG en abrégé – doit être fixé par les parties de la COP avant 2025. Il sera donc négocié lors de cette COP. Et les discussions promettent leur lot de tensions. Depuis plusieurs années, les pays de l’OCDE aimeraient par exemple que des pays comme la Chine, l’Arabie Saoudite, les Emirats ou le Brésil contribuent eux aussi à ce NCQG.

Prolonger le montant de 100 milliards de dollars par an ?

Les négociations de cette COP porteront sans aucun doute aussi sur la hauteur du montant. Le montant de 100 milliards de dollars par an (qui n’a finalement été atteint que poussivement en 2022!) est malheureusement largement insuffisant. L’agence internationale de l’énergie (AIE) estime, avec une approche très prudente, que 300 milliards de dollars par an sont nécessaires pour l’atténuation et la réduction des émissions de CO2 des pays du Sud. Le coût annuel de l’adaptation a quant à lui été estimé à 300 milliards de dollars par l’ONU. Enfin, les coûts estimés pour les pertes et dommages déjà causés par la crise climatique montent jusqu’à 400 milliards de dollars annuels. [1] Pour atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris, la finance climat aurait donc besoin de 1000 milliards de dollars annuels!

Détailler les objectifs du financement

Les pays ne doivent pas uniquement s’entendre sur un chiffre, ils doivent également s’accorder sur les objectifs et sur les types de financement. Aujourd’hui l’adaptation est le parent pauvre du financement climatique. Les pertes et dommages ne sont, quant à eux, même pas inclus dans l’accord de 2019. Les discussions pourraient donc porter sur une précision chiffrée de chaque sous-objectif: atténuation, adaptation et pertes et dommages. 

Les modes de financement doivent également être revus. Jusqu’ici, la plupart des flux financiers vers les pays Sud étaient principalement composés de financements privés et de prêts. Alors que les pays du Sud global sont déjà surendettés, la société civile appelle à ce que le financement climat se compose principalement de financement public et de dons. Et qu’en cas de prêts, ceux-ci soient plus avantageux que les taux du marché, afin d’éviter une spirale négative de dettes publiques dans les pays du Sud.

Les ambitions de réductions d’émission doivent rester au centre des débats

Si les négociations concernant la finance climat risquent de prendre beaucoup de place, cette COP ne pourra pas se permettre de stagner en matière d’ambitions de réductions de gaz à effet de serre. Lors de la COP28 l’année dernière, la sortie des énergies fossiles figurait pour la toute première fois dans le texte final. Il convient cette année d’aller plus loin et de concrétiser les échéances d’abandon du gaz, du pétrole et du charbon, via des plans nationaux ambitieux. C’est la condition sine qua none pour parvenir à contenir le réchauffement climatique en dessous des 1,5°c. Un objectif qui ne tient plus qu’à un fil, comme le rappelait il y a peu l’ONU dans son rapport sur le décalage entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. 

Qu’attendre de la présidence azérie ? 

Bakou est une des capitales mondiales des hydrocarbures et l’Azerbaïdjan tire la majorité de ses revenus du gaz et du pétrole extraits en mer Caspienne. Il y a quelques mois, le ministre de l’énergie azérie, Elnur Soltanov a déclaré que l’action climatique était compatible avec la poursuite du développement de l’industrie des énergies fossiles… Il paraît donc illusoire d’attendre du pays hôte de pousser à des avancées majeures en matière d’ambitions climatiques. Il lui faudra néanmoins construire sur base du résultat de la COP précédente, qui se tenait aux Emirats Arabes Unis (état pétrolier lui aussi!), et qui appelait à la sortie progressive des énergies fossiles. Par ailleurs, le président de la COP, Mukhtar Babayev, a indiqué que l’Azerbaïdjan souhaiterait que les deux piliers centraux de la COP soient de renforcer les ambitions et faciliter l’action, notamment financière.

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Greenpeace formule les priorités suivantes pour la COP29

Revoir les ambitions nationales à la hausse 

Les pays doivent présenter à la COP des contributions nationales (ou NDC’s) pour 2030 et 2035 qui soient compatibles avec l’objectif d’1,5°C d’élévation du niveau de température globale. Pour cela il faut que les pays indiquent clairement la date de sortie des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), la fin des subventions aux énergies fossiles ainsi que le triplement des énergies renouvelables.

Consolider le financement climat

Il faut que la COP29 aboutisse à un nouvel accord de finance climat ambitieux et à la hauteur des besoins des pays du Sud. Il devra mentionner le principe de pollueur-payeur et faire référence à la responsabilité des entreprises des énergies fossiles, en introduisant des nouvelles taxes sur les secteurs les plus polluants pour dégager de nouveaux moyens dans la lutte contre la crise climatique. 

Renforcer le lien entre climat et biodiversité

La porte de la COP16 sur la biodiversité sera à peine fermée que nous ouvrirons celle de la COP29. Greenpeace pousse pour que la protection des écosystèmes à haute valeur écologique soit assurée et que les synergies entre les deux COP soient renforcées pour que la crise climatique et environnementale soient envisagées comme un seul et même problème. Greenpeace plaide notamment pour éviter que des nouveaux systèmes de marché carbone voient le jour, au détriment des écosystèmes et de la biodiversité.

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Note

 [1] Markandya & González (2019) Integrated Assessment for Identifying Climate Finance Needs for Loss and Damage: A Critical Review – Loss and damage from Climate Change

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