Les responsables européens se réunissent pour discuter des implications énergétiques de la guerre en Ukraine. Greenpeace demande que les bénéfices exceptionnels réalisés par l’industrie fossile au cours de la récente crise énergétique soient utilisés pour aider l’Europe à mettre fin à sa dépendance au gaz, au pétrole et au charbon.

Un sommet Européen des 27 se tient aujourd’hui et demain à Versailles. Au programme : l’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses conséquences sur la politique énergétique, alimentaire et militaire de l’UE. Il s’agira entre autres d’évoquer une proposition de la Commission européenne visant à réduire les importations de combustibles fossiles russes par l’UE.

« Les entreprises qui ont le plus de responsabilité dans la crise climatique sont aussi celles qui ont le plus profité de la crise énergétique qui dure depuis des mois, en finançant au passage la machine de guerre de Vladimir Poutine” déclare Silvia Pastorelli, responsable de la campagne européenne de Greenpeace sur le climat et l’énergie. “Les gouvernements européens doivent taxer ces gains et investir la totalité de l’argent dans la sortie définitive des combustibles fossiles en Europe. Une révolution du système énergétique européen est indispensable : isolation massive des logements, développement rapide des énergies renouvelables, décarbonation des transports… Cela permettra non seulement de désamorcer les conflits liés aux énergies fossiles, mais aussi de protéger les personnes les plus vulnérables de la pauvreté énergétique et de nous éloigner de la crise climatique. »

La Russie est la principale source d’importation de combustibles fossiles de l’Union européenne. En 2019, deux cinquièmes des importations de gaz fossile de l’UE provenaient de Russie, tout comme plus d’un quart des importations de pétrole brut et près de la moitié du charbon importé. Les importations d’énergie de l’UE en provenance de Russie représentaient 60,1 milliards d’euros en 2020.

Greenpeace et plus de 600 autres organisations ont demandé la fin des importations de combustibles fossiles en provenance de Russie.

Les plans de la Commission risquent de causer de nouveaux problèmes

Le plan « REPowerEU » de la Commission européenne, qui vise à réduire la dépendance à l’égard des importations d’énergie en provenance de Russie, prévoit le développement de l’approvisionnement en gaz fossile liquéfié, en hydrogène et en biogaz, ce qui, selon Greenpeace, pourrait avoir des répercussions désastreuses.

Un tel approvisionnement alternatif en gaz fossile maintiendrait l’Europe dans sa dépendance à une énergie à haute teneur en carbone. Cela continuerait aussi à plonger les ménages européens dans une situation de grande vulnérabilité face aux pics des prix du marché mondial. L’hydrogène renouvelable est une ressource très rare. Une grande partie du biogaz est quant à elle produite à partir de cultures sur des terres agricoles souvent au détriment de la production alimentaire ou de la protection de la nature.

Alors que la Commission européenne, dans sa proposition actuelle, suggère de réduire la dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles pour le chauffage et l’électricité, la proposition ignore complètement le secteur des transports. Or ce dernier consomme près de 70 % du pétrole dans l’UE. Une analyse récente a montré que la suppression des vols courts dans l’UE, quand une alternative ferroviaire existe déjà, permettrait d’économiser suffisamment de kérosène pour réduire les importations annuelles de pétrole de l’Union en provenance de Russie d’environ 2 milliards d’euros.