La voiture électrique est un sujet qui suscite beaucoup de polémiques. Elle est parfois encensée comme une solution miracle qui nous évitera une remise en question trop profonde de nos modes de déplacements. Et parfois diabolisée pour mieux maintenir la mobilité actuelle enlisée dans la dépendance de la voiture et aux énergies fossiles. Les avantages d’une motorisation électrique pour développer une mobilité plus durable sont réels, mais nous n’en profiterons que si nos façons de se déplacer évoluent. Voici comment…
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1. Diminuer notre dépendance à la voiture
Qu’importe la technologie utilisée, notre société ne peut plus se permettre d’avoir recours à autant de véhicules particuliers : pour les humains et la nature, nous devons utiliser les ressources avec parcimonie et employer l’espace de façon réfléchie.
Cela implique de repenser notre société. Il faudrait par exemple revoir notre fiscalité qui encourage les employeurs à payer certains employés en voiture (le système des voitures-salaires). Il faudrait aussi repenser l’organisation de notre territoire. L’objectif est que les gens aient moins besoin de se déplacer, car ils ont accès à des services proches de chez eux (éducation, travail, soins, commerce, etc.). L’objectif est aussi que les citoyens puissent se passer de la voiture, car ils ont d’autres options sûres, efficaces, accessibles et à prix abordable comme la marche, le vélo, des transports en commun de qualité et zéro émission ou des véhicules électriques partagés.
2. L’accès et l’utilisation plutôt que la possession
De nos jours, un véhicule est stationné près de 95% du temps, ce qui a donné lieu à l’appellation des “voitures-ventouses”. Partager les voitures électriques permettrait un usage optimal des précieuses ressources utilisées dans ces véhicules et de diminuer le nombre de véhicules qui encombrent notre espace public. À l’exception de certains cas particuliers, avoir accès à une voiture et l’utiliser quand on en a vraiment besoin coûte moins cher et est plus pertinent que de posséder un véhicule que l’on utilise au final très peu. Il faudrait par contre faire attention à ce que tous les citoyens aient accès à des véhicules propres et partagés et que les personnes en situation de précarité ne soient pas exclues de ce genre de service, elles qui ont justement moins accès à une voiture ou pour qui le coût d’un véhicule grève leur budget.
3. Des véhicules de taille et de puissance raisonnables
Les voitures d’aujourd’hui sont des mastodontes comparées à celles d’hier. La mode est d’ailleurs aux SUV – c’est-à-dire aux 4×4 urbains – dont ni le design, ni le poids, ni la puissance ne sont raisonnables en matière d’économie de ressources, d’espace et de sécurité routière et ce, que ces véhicules soient thermiques ou électriques. Les constructeurs automobiles prétendent qu’il s’agit du choix du consommateur, mais ils font de grands bénéfices avec ces véhicules en injectant notamment des millions et des millions dans la publicité pour ces gros véhicules. Une utilisation raisonnée de la technologie électrique passera par des véhicules plus petits, de taille et de puissance raisonnables.
4. Des véhicules produits et alimentés avec de l’énergie 100% renouvelable
Même sans être produites ou alimentées avec de l’énergie renouvelable, les voitures électriques sont environ 20 à 30 % moins polluantes que les voitures diesel ou essence. Elles deviennent jusqu’à 80% moins polluantes quand elles sont produites et alimentées aux énergies renouvelables. Les avantages environnementaux des voitures électriques ne feront donc qu’augmenter en étant combinée avec une énergie verte.
5. En version entièrement électrique, pas hybride
Les voitures hybrides sont présentées par les constructeurs automobiles comme des voitures qui réunissent le meilleur du moteur thermique et de l’électrique. En réalité, les voitures hybrides émettent plus de pollution que ce qui est annoncé sur papier par les constructeurs automobiles. En effet, la voiture hybride, avec ses deux technologies embarquées, est plus lourde et traîne donc la batterie électrique comme un poids mort lorsque celle-ci n’est pas utilisée (ou mal utilisée, si elle n’est pas chargée régulièrement par exemple), ce qui engendre plus de pollution. De plus, certains constructeurs profitent des deux technologies pour augmenter la puissance du véhicule, pas pour le rendre plus sobre en énergie. En réalité, les véhicules hybrides sont surtout un moyen pour les constructeurs automobiles de continuer à vendre la technologie des moteurs thermiques dont l’avenir est plus qu’incertain, alors que nous devons décarboner nos transports dès que possible.
6. Des véhicules et des batteries avec une grande durée de vie, réutilisables et recyclables
Les gouvernements et le secteur automobile doivent prendre leurs responsabilités – dès le stade du développement – pour produire des batteries et des voitures de manière intelligente en fonction de l’avenir. Cela signifie qu’il faut s’attacher à prolonger la durée de vie des véhicules et des batteries, favoriser la réparation ou le remplacement des matériaux, leur récupération avec des outils simples, leur recyclage et leur réutilisation (dans un véhicule ou comme batterie stationnaire) afin de privilégier une économie circulaire durable et de ne pas recourir à des extractions évitables. Ce faisant, ils participeront aussi à empêcher l’exploitation minière en haute mer. Ils doivent aussi continuer et soutenir l’innovation en ce qui concerne la composition des batteries, ce qui permettrait de ne plus avoir à recourir à certains matériaux précieux ou difficiles à extraire. Par exemple, les batteries nouvelles générations n’utilisent plus de cobalt.
Je dis non à l’exploitation minière en haute mer
7. Faire pression pour de meilleurs standards d’extraction et de production !
L’exploitation minière ne doit pas servir à alimenter la croissance linéaire que nous connaissons et le portefeuille de certains, mais doit soutenir une transition verte qui profite à tous, y compris les personnes concernées directement ou indirectement par la production des véhicules électriques. Les initiatives existantes – comme le guide de l’OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais – ne doivent pas rester lettres mortes. Des conventions, garantissant la responsabilité des sociétés minières et le respect des standards et des droits environnementaux, du travail et des droits humains et des communautés locales doivent être mis en place aux niveaux international et européen. Dans cette logique, il faut s’assurer que les violations des droits humains et de l’environnement puissent effectivement faire l’objet d’enquêtes et être poursuivies légalement.
Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez consulter “Les minerais de la transition énergétique”, un rapport développé par plusieurs associations dont Justice & Paix, Fairfin et 11.11.11.
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