Les développements se succèdent rapidement dans le dossier de Project One, l’investissement “révolutionnaire” d’Ineos dans une nouvelle usine de plastique au port d’Anvers. Le projet fond comme neige au soleil. La lutte s’accélère sur le terrain comme devant le tribunal, les marchés ne sont pas chauds, les finances commencent à souffrir et la saga des permis est branlante. Avez-vous manqué les derniers développements de Project One ? Les voici !
Usine de plastique : un délai supplémentaire de deux ans
Ces derniers mois n’ont pas été de tout repos pour le géant britannique de la chimie Ineos. Rien qu’au cours des six derniers mois, des militants ont occupé des heures durant la forêt où la nouvelle usine devait être construite, et le permis d’abattage d’arbres qu’Ineos avait obtenu par la ruse malgré plus de 10 000 signatures et 700 lettres d’objection a été suspendu. L’effondrement de la demande pour ses produits l’a déjà obligée à mettre la moitié du projet au frigo, un changement de cap qui lui a déjà coûté 118,5 millions d’euros. De plus, le parrainage par Ineos de l’équipe cycliste du même nom lui revient dans la figure comme un boomerang, le sponsoring sportif par l’industrie pétrolière et gazière étant aujourd’hui comparé à celui de l’industrie du tabac dans le passé.
Il reste donc peu de choses du battage médiatique d’il y a deux ans, lorsque l’entreprise et les politiciens avaient présenté les plans des nouvelles usines de plastique. Pour couronner le tout, Ineos a essuyé un nouveau revers : elle a été contrainte de renoncer à son permis d’abattage et de recommencer tout à partir de zéro. Un délai supplémentaire de deux ans est à craindre pour ce projet qui a déjà plus d’un an de retard sur le calendrier initial en raison des actions menées sur le terrain par le collectif Ineos Will Fall et en justice par entre autres Greenpeace. Deux ans pour continuer à se mobiliser et à faire campagne contre cette excroissance de l’économie d’extraction fossile. Mais aussi deux années qui verront naître des ambitions climatiques plus élevées et qui connaîtront enfin le verdict dans l’Affaire climat.
Le début de la fin ?
Toute la question est de savoir si ce projet résistera encore deux ans. Comme si de rien n’était, Ineos continue de dire à qui veut l’entendre que son mégaprojet est “une bonne chose pour l’environnement”, et que le dernier rebondissement n’est qu’”une conséquence logique” du “report pour une durée indéterminée” de la moitié du projet. On a presque l’impression que son PDG Jim Ratcliffe et les autres copropriétaires n’ont pas suivi l’actualité de ces derniers mois.
Mais vis-à-vis des investisseurs, c’est une autre histoire. Dans son rapport annuel 2020, Ineos prévient qu’il n’y a “aucune certitude que le projet sera achevé” ni qu’il sera achevé “au coût prévu ou dans le délai spécifié”. Les investisseurs sont clairement avertis : si le projet n’apporte pas les avantages escomptés, un “impact négatif significatif” pourrait affecter la situation financière de l’entreprise.
Manifestations, poursuites judiciaires, retards, risque financier. Un bon père de famille y réfléchirait à deux fois pour moins que ça. En attendant le réveil du top management d’Ineos, les politiciens et le port d’Anvers devraient déjà tirer leurs conclusions face à ces signaux d’alarme. Le gouvernement flamand s’est porté garant à concurrence de plusieurs centaines de millions d’euros pour les investissements de Project One, et le port d’Anvers a tout intérêt à une transition industrielle qui tient compte du climat, de l’environnement et des travailleurs. Une belle histoire dans laquelle la construction d’une nouvelle usine à plastique n’a clairement pas sa place. Maintenant qu’Ineos a appuyé sur le bouton “reset”, la Flandre et Anvers ont une deuxième chance de prendre la bonne décision : ne pas accorder de nouveau permis à ce projet !
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