Société américaine spécialisée dans le transport et le stockage du gaz et du pétrole, Energy Transfer gère le plus grand réseau de pipeline des Etats-Unis. Elle est aujourd’hui à l’origine d’un combat juridique visant à faire taire Greenpeace. Elle réclame pas moins de 300 millions de dollars à Greenpeace USA et Greenpeace International. On vous explique la situation.

Manifestation de soutien à la tribu de Standing Rock sur la place du centre civique à San Francisco. Cette manifestation était l’une des nombreuses dans le cadre d’une journée mondiale d’action contre le Dakota Access Pipeline.

En 2016, Energy Transfer donne naissance au Dakota Access Pipeline (DAPL), un projet de transport de pétrole à travers le pays. Le problème ? Cet oléoduc passe au Nord de la réserve de la tribu des Sioux de Standing Rock (SRST) puisant l’eau des populations autochtones et menaçant leurs sites sacrés en plus de contribuer à la destruction de l’environnement.

En avril de la même année, avant la construction du pipeline, les populations locales établissent un camp de protestation et intentent une action en justice contre ce projet fossile (en vain). Leur mobilisation déclenche une vague d’indignation qui fédère des milliers d’activistes et de citoyen·nes  ayant rejoint la SRST et avec eux … des organisations, dont Greenpeace.

En 2017, Energy Transfer porte plainte contre Greenpeace USA et d’autres ONG. L’entreprise accuse Greenpeace d’avoir orchestré toute la résistance mais également d’avoir mené une campagne de désinformation et incité à des activités illégales. Cette accusation est rejetée par un juge fédéral en 2019.

Des gardiens de l’eau dans un camp de tentes dans la zone où passe le Dakota Access Pipeline.

Procédure baillon (ou SLAPP)

Une semaine plus tard, Energy Transfer dépose une nouvelle plainte auprès d’un tribunal de l’État du Dakota du Nord contre trois entités de Greenpeace, dont GPI (Greenpeace International), en formulant des allégations similaires, fondées sur la législation de l’État. Elle réclame près de 300 millions de dollars. 

Le procès débutera en février 2025. Si Energy Transfer venait à gagner, Greenpeace USA serait menacée de disparaître, après plus de 50 ans de lutte pour protéger le vivant.

Cette procédure juridique n’est rien d’autre qu’une “procédure baillon” ou en anglais SLAPP (Strategic Litigation Against Public Participation), qui est une tactique judiciaire visant à faire taire une opinion pour empêcher un débat public. Et ici Energy Transfer veut délibérément faire taire Greenpeace. Se faisant, elle s’attaque directement à deux piliers fondamentaux de notre société : la liberté d’expression et le droit de protester. Une mauvaise décision dans cette affaire pourrait créer un dangereux précédent, à même de décourager toutes celles et ceux qui militent légitimement contre des entreprises puissantes.

Greenpeace Belgique soutient évidemment son homologue américain dans ce combat essentiel.

Greenpeace USA a été poursuivie en justice par l’une des plus grandes sociétés d’exploitation forestière du Canada pour avoir publiquement contesté les pratiques forestières de l’entreprise.

Et si les rôles s’inversaient ?

Et si les populations locales, la société civile mettait ces grands industriels face à leur responsabilité ? Et bien, ce n’est pas si utopique ! En Belgique, dans le cadre du ‘Farmer Case’ soutenu par Greenpeace, un agriculteur attaque la multinationale TotalEnergies en justice.

Paysan hennuyer, Hugues Falys a vu ses activités agricoles directement mises à mal ces dernières années par la crise climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes qu’elle provoque. Il a donc décidé en 2023 de poursuivre TotalEnergies en justice pour sa responsabilité dans le dérèglement climatique, impactant sa ferme et son élevage mais aussi d’autres agriculteur·rices dans le monde.

Cette affaire climatique hors du commun est soutenue par de plus en plus de citoyen·nes. Vous rejoignez le mouvement ? 

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