La Cellule Interrégionale de l’Environnement a publié aujourd’hui de nouvelles cartes modèles de la pollution atmosphérique dans notre pays. Elles confirment les plaintes que Greenpeace a porté en justice contre les gouvernements flamands et wallons, qui ne respectent toujours pas les normes européennes en matière de qualité de l’air. Greenpeace ira d’ailleurs en appel de la récente décision prise dans l’affaire wallonne.
Basées sur des modèles informatiques, ces nouvelles cartes [1] de Irceline, la Cellule Interrégionale de l’Environnement, fournissent pour l’ensemble du territoire belge une image représentative de l’air que nous respirons. C’est la première fois que Bruxelles et la Wallonie disposent de cartes si détaillées. En incluant notamment la pollution de l’air dans les rues étroites et fréquentées bordées de bâtiments – appelées rues canyons – elle précise une pollution que les autorités ne mesurent pas, mais à laquelle de nombreux citoyens sont exposés quotidiennement.
« Ces cartes prouvent à quel point nos gouvernements ne protègent pas les citoyens contre les dommages que la pollution atmosphérique cause à notre santé, certainement en ce qui concerne les concentrations dioxyde d’azote (NO2), un gaz nocif. En de nombreux endroits, la valeur limite annuelle européenne – en vigueur depuis 2010 – est encore et toujours dépassée« , explique Elodie Mertz, experte Qualité de l’air et Mobilité chez Greenpeace.
Ces niveaux problématiques de NO2 ne sont pas reflétés dans les chiffres officiels, car le réseau de mesure fixe en Wallonie sous-estime grossièrement la pollution atmosphérique locale, en particulier dans les zones urbaines. C’est d’ailleurs l’objet de la procédure judiciaire qui oppose Greenpeace à la Région wallonne et contre laquelle l’association fera appel. Pour la Wallonie, les cartes montrent que des concentrations trop élevées et illégales de NO2 persistent en zones urbaines et aussi périurbaines à fort trafic. À Bruxelles aussi la situation reste très problématique.
La Commission européenne – qui a évalué le coût de la pollution atmosphérique au système de santé belge à 8 milliards d’euros par an [2] – a également plusieurs fois rappelé à l’ordre notre pays pour non-respect des normes de qualité de l’air et a récemment franchi une nouvelle étape dans une procédure d’infraction en cours. Et un renvoi vers la Cour de justice européenne est imminent.
« Nos politiciens ne peuvent plus se cacher derrière la rhétorique selon laquelle la qualité de l’air s’améliore constamment. La réalité est que la Wallonie semble suffoquer. Il est inacceptable que, plus de dix ans après leur entrée en vigueur, les normes européennes soient toujours bafouées, alors que parallèlement, des solutions telles que la tarification routière intelligente sont politiquement enterrées. Si les gouvernements ne remplissent pas leur devoir de vigilance, il appartiendra au pouvoir judiciaire de les y contraindre« , conclut Elodie Mertz.
Dans le procès entre Greenpeace et la Région flamande, la Cour d’appel devrait en principe rendre son jugement final à la fin du mois de mars. Dans le cas de la Région wallonne, Greenpeace fera donc appel contre une décision défavorable du juge de première instance. Dans l’affaire ClientEarth et cinq citoyens contre la Région bruxelloise, des mesures supplémentaires ont été imposées par le juge.
Contact :
Service de presse de Greenpeace, 0496/26.31.91, [email protected]
Notes :
[1] La carte haute résolution pour le dioxyde d’azote (NO2) pour l’année 2019 (et également pour 2017 et 2018) se trouve sur ce site web : https://www.irceline.be/fr/qualite-de-lair/mesures/dioxyde-dazote/history/no2_anmean_rioifdm
Et voici les liens pour les différentes cartes haute résolution pour les particules fines (PM10 et PM2.5) et carbone suie (black carbon BC) pour 2019 (et 2017 et 2018).
[2] Selon la Commission européenne, la pollution atmosphérique coûte effectivement pas moins de 8 milliards d’euros par an, soit 725 euros par Belge, au système de santé belge. La pollution atmosphérique est encore à l’origine de milliers de décès prématurés chaque année, ainsi que de maladies cardiovasculaires, de problèmes respiratoires et de cancers. Le trafic motorisé est une des sources principales de la pollution de l’air. Des études montrent que le fait de vivre à proximité de routes très fréquentées entraîne une réduction de la capacité pulmonaire chez les enfants, des troubles de la concentration et même la démence.